Rêver d’arriver

À deux endroits, dans le trajet du Cyclo-défi de la Maison des greffés Lina Cyr, il y a une montée importante et les deux fois, c’est le deuxième jour, après plusieurs dizaines de kilomètres dans les mollets.  La première côte, juste avant d’arriver à St-Antoine-de Tilly, est à la fin de l’avant-dernière étape.  L’autre n’est pas si longue ni si abrupte, mais elle survient au 274^e kilomètre, juste avant l’arrivée finale à Lévis.

Dans les deux cas, il n’y a pas de surprise. On voit la montée loin devant soi.  On sait qu’il faudra user d’un « savant » mélange d’énergie et de patience, ne pas hésiter à changer de braquet quand l’effort deviendra trop difficile, ne pas essayer de se rendre en haut à toute vitesse.  On sait que, malgré tous nos entrainements, le souffle se fera de plus en plus court, qu’on souffrira, un peu, parfois même un peu plus.  Au 4/5 ^e de la montée, chaque coup de pédale est accompagné du son de plus en plus bruyant des respirations saccadées, doublé des cris d’encouragement des bénévoles et parents qu’on ne voit pas encore, mais qu’on devine tout près, forçant avec nous pour franchir les derniers mètres.

La comparaison avec le parcours des greffés (d’ailleurs, certains roulent avec nous) est sans doute un peu facile, mais dans ce contexte, elle nous permet de goûter à un petit échantillon de ce qui constitue les difficultés et l’espoir.

La route arrête de monter.  On relève la tête, haletant, devant des bravos enthousiastes.  À cet instant, le sentiment de « réalisation » est émouvant.  On regarde à gauche et à droite, partageant avec les autres cyclistes un sourire timide, fatigué mais satisfait, une certaine connivence.  Nous avons réussi à nous rendre en haut, et de là, bien des rêves deviennent possibles.

Yvan

P.S. : Un merci particulier à Marie et à tous ceux qui m’ont encouragé.  Cette année, j’ai eu une préparation difficile à cause d’une température capricieuse et de petites ennuis de santé (laryngite et bronchite).  J’avais des doutes avant de prendre le départ et je pensais que ce serait mon dernier tour de piste.  Et puis, tout s’est bien déroulé et les causes de la recherche du myélome multiple et de la Maison des greffés ont repris le dessus, puisqu’elles exigent l’énergie de ceux et celles qui peuvent encore contribuer. 

Je crois que je peux encore contribuer… au moins une autre année!

P.S. ² : Faire partie de ce groupe de joyeux encourageurs et encourageuses reste un grand plaisir. Depuis neuf ans maintenant qu’Yvan roule pour des causes qu’il choisit, au début pour soutenir le Cyclo défi Enbridge contre le cancer et les quatre dernières années pour soutenir les deux organismes cités plus haut, je suis d’abord allée assister au départ et à l’arrivée seulement, conduisant la voiture et transportant bagages, vélos et cyclistes. Et puis nous avons formé, Françoise, quelques autres et moi, un noyau dur d’accompagnatrices pendant les deux jours du défi, partageant confidences et anecdotes, profitant des lieux environnants, visitant musées et boutiques, vivant de tout près les repas et les cérémonies de réjouissances avec le groupe de rouleurs/euses engagé.e.s.

J’aime bien cette place, aux premières loges. Cette année, pour la première fois, nous avons réussi, Françoise et moi, à arriver avant le peloton des cyclistes, le premier jour à Nicolet!

Cette année, Benoit, mon frère, avait pris la décision de ne pas rouler avec le groupe, ses genoux nécessitant quelques ajustements. Il était néanmoins présent au départ et, avec sa douce, bien présent à Lévis pour voir le groupe arriver. La lentille de son appareil photo s’est peut-être embuée légèrement…

La vie est ponctuée d’accomplissements, pour chacun.e de nous.  Celui de ce Défi vélo aura permis à plusieurs cyclistes de découvrir et de repousser des limites. Avant de voir ses yeux mouillés à l’arrivée, samedi dernier, je n’avais pas vraiment pris la mesure de ses doutes. J’y ai vu aussi la satisfaction et la fierté, encore une fois. Bravo!

C’est ici que notre marathon d’écriture 2018 se termine, amis lecteurs et lectrices. Bons vents, beaux rêves!

Marie