Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 31 mai 2015

Donner des mots aux images

Depuis que nous nous connaissons, Marie et moi, nous inventons des histoires à propos des gens qui nous entourent. Souvent dans des restaurants, mais aussi dans plusieurs autres lieux publics.  Je me souviens, par exemple, d’un pique-nique à Rivière-du-Loup, en route pour les Îles-de-la-Madeleine, où nous nous adonnions à ce plaisir innocent.  Le problème, c’est que nos garçons, eux, voyaient dans nos babillages (que nous souhaitons et croyions discrets!) une forme d’invasion dans la réalité de nos voisins de pique-nique.  Le temps de débattre le pour et le contre, nous devions repartir et nos histoires inventées n’ont pas trouvé de conclusion…

Marie a une amie, Johanne, qui vit avec les mots (au sens propre). Nous chantons dans le même ensemble vocal. J’aime sa voix, sa plume, sa rigueur, sa sensibilité, ses exaspérations et son humour. Je la connais, pour l’instant, dans son rôle de traductrice.  Pourtant, elle donne, et depuis longtemps, vie aux mots de bien d’autres façons.  Parmi les histoires inconnues qu’elle a déjà écrites, qui dorment dans ses tiroirs et qui n’ont pas encore trouvé d’éditeur, un recueil de nouvelles autour des gens qui travaillent et mangent dans un restaurant.

Les extraits en italique sont issus de son blogue(1), et présentent le contexte de la naissance de ce projet d’écriture.

« Québec, un soir d’avril 2005. Mon beau et moi sommes attablés au Paris-Brest, un restaurant planté sur la Grande Allée, à l’écart de l’animation. Nous aimons revenir ici en amoureux. La table est bonne, lambiance, feutrée le samedi soir et le service, impeccable. Les serveurs du Paris-Brest ne badinent pas avec les bonnes manières. Pour un peu, ils porteraient des gants.

On reconnaît notre jeu d’amoureux dans une réalité littéraire. Pas la nôtre, mais une réalité tout de même.  Ici, c’est le serveur qui est le personnage principal de l’imagination de Johanne.

« Le serveur sexagénaire qui veille sur nous ne fait pas exception : sérieux comme un pape, il maîtrise tous les codes du service et ne connaîtrait pas mieux le menu s’il l’avait lui-même composé. Je parie qu’il s’appelle Roger. Comme si la maison imposait à son personnel un devoir de réserve, Roger n’exprime aucune préférence pour une entrée ou un plat. Ris de veau ou carré d’agneau? Canard ou tartare? C’est comme vous le sentez Monsieur-Dame. »

Johanne vit avec les mots. Elle aimerait vivre de sa plume d’auteur et faire connaître ses propres mots.  Vivre comme dans « récolter quelques revenus grâce à ses histoires », mais également vivre comme dans « ses histoires prennent vie dans les yeux de lecteurs ».

« Viennent les entrées, puis les plats principaux, et Roger ne perd pas un gramme de sa superbe. On imagine un androïde plus émotif. Je demande à mon beau si, d’après lui, Roger dort au vestiaire la nuit venue. Ils le débranchent peut-être… »

Jusqu’à présent, les auteurs étaient des personnes que je pouvais voir et entendre dans les médias, sur les quatrièmes de couverture ou regarder aussi discrètement que possible quand je passais devant eux au Salon du livre.

« Au moment de nous laisser finir le vin, Roger attrape la corbeille de pain et dégaine une brosse ramasse-miettes : zip, zap, la brosse avale les miettes qui jonchent la nappe aussi prestement qu’un aspirateur central. Je m’émerveille : «T’as vu ça mon beau? Impressionnant!» »

Maintenant je peux discrètement me vanter d’être aller souper chez elle.  Nous avons convaincu son chum de devenir bénévole à Vues et voix.  Je jouerai peut-être même au golf avec eux cet été…

« — Ah ça, madame, y a pas mieux pour nettoyer facilement! J’en ai acheté une pour chez nous, mais j’ai pas pris le bon modèle. Ça prend des poils assez longs, comme celle-là, vous voyez? Je sais pas ce qu’on faisait avant d’avoir ces ptites brosses-là, moi je pourrais pas m’en passer… Voulez-vous l’essayer? »

Depuis mercredi dernier, le 27 mai, nous pouvons tous devenir des lecteurs de Johanne.  Elle a lancé une campagne de socio-financement où nous pouvons acheter un accès à son recueil de nouvelles.  Chaque mercredi pendant dix semaines, tout l’été, on pourra recevoir par courriel une nouvelle nouvelle! C’est bien le format « nouvelles »: tout un univers en quelques pages. C’est un format qui convient parfaitement à la balancelle, à la chaise de plage, au hamac ou au café au lait qu’on prend le temps de savourer.

« Disparu, l’androïde. Roger, mon vieux Roger, vient de reprendre toute la place en même temps que son identité. Ravie d’apprendre qu’il a une maison bien à lui et des goûts qui se discutent autant que les miens, j’essaie la brosse sur les deux ou trois miettes qu’il a bien voulu me laisser. Sans le savoir, Roger m’émerveille encore plus que sa brosse. J’aime bien quand l’anonymat laisse voir un jupon dhumanité. »

Les mercredis des prochaines semaines auront une saveur particulière.  J’anticipe déjà ces matins où, virtuellement, je me précipiterai sur ma tablette pour connaître l’histoire des gens d’une table d’à côté.

« J’ai passé le reste de la soirée à imaginer la vie des autres convives. «Tu vois mon beau, ces deux-là qui ont l’air d’avoir fait le tour de leur vie, ils ont peut-être passé un après-midi torride au lit et viennent se restaurer avant de reprendre leur marathon de sexe…» Les tables d’un restaurant sont autant d’îles aux cultures insoupçonnées. »

Elle s’appelle Johanne Tremblay.

 Son recueil s’intitule Un mercredi comme les autres (histoires et excès de table)

Le lien vers la campagne « Un mercredi comme les autres »: https://www.indiegogo.com/projects/un-mercredi-comme-les-autres/x/6486118#/story

Allez voir! C’est facile et sécuritaire. Hâtez-vous, la campagne (et la possibilité de s’abonner) se termine le 17 juin! Vous pouvez contribuer pour devenir, comme nous,  l’un de ses lecteurs assidus!

Bonne lecture…

Yvan et Marie

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(1) http://johannetremblayetmoi.com

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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1 Response to Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 31 mai 2015

  1. Merci, Marie et Yvan! Vos mots me touchent et me font plaisir! J’aurai également du plaisir à vous imaginer dans la balancelle ou le hamac, en train de lire les histoires de Paul et Margot, de Catherine, d’Anis et de tous les autres!

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