Se redonner le goût de rêver…
Samedi dernier, lors d’un souper avec des amis, nous avons divinement mangé, bu modérément d’excellents vins et refait une partie de nos mondes… en s’attardant sur un projet que nous pourrions peut-être concrétiser dans les prochains mois. Ça ressemblait à plusieurs soirées de mon adolescence et de mon début de vie adulte, la bière à la place du vin et les chips à la place du risotto.
Mercredi, nous avons participé à l’enregistrement de l’émission « Pour le plaisir » de la SRC (diffusion le 15 avril), où ont été présentés les dix candidats du concours « Gens de cœur » pour souligner l’apport de quelques bénévoles d’exception: je vous ai déjà parlé de la mère Noël et d’Opération Père Noël; nous connaissons tous le Défi Têtes rasées de Leucan; j’ai aussi noté le projet Les Aidants scolaires, qui a pour mission d’offrir « deux bras de plus » au personnel scolaire par des activités bénévoles variées; le projet Handi-capable, qui met l’accent sur les capacités des personnes handicapées et non pas sur leurs incapacités et le Spa de la rue, qui offre aux plus démunis un accès aux médecines alternatives, particulièrement la massothérapie, dans des conditions qui respectent leur situation de précarité sociale, à Montréal, Laval, Toulouse et bientôt à Paris, Marseille et Vancouver.
Autant de belles personnes qui ont su rêver et inventer des réalités différentes.
De cette demi-journée, en plus des organismes mentionnés plus haut et des gens qui les représentaient fièrement, je retiens quelques mots, tout simples, mentionnés par un vieux monsieur très digne, gagnant du prix Coup de cœur. Invité à prendre la parole, il a dit aux gens combien c’était important, quand nous avions une idée, de tout mettre en œuvre pour la réaliser. Ça m’a émue. Touchée en plein dans le mille. Si simple et si vrai.
Depuis quelques jours, des étudiants ont repris la rue. Leur cause est plus large qu’en 2012 et la tendance à la désobéissance civile et au grabuge me dérange. Pourtant, ils rêvent d’un monde différent où la justice sociale et le respect de notre environnement généreraient des projets de société exaltants. Ils sentent, avec raison, qu’ils ne sont pas pris au sérieux ou écoutés alors ils font du bruit…
Un homme célèbre a déjà dit « I have a dream (j’ai un rêve) ».
Un autre a déjà dit, lors d’une soirée très spéciale, « qu’il n’a jamais été aussi fier d’être québécois ».
Il y a quelques années, un troisième a dit « Yes, we can (oui, nous pouvons) ».
Quand, comme société, avons-nous cessé d’avoir des rêves? Depuis plusieurs dizaines d’années, nos gouvernements se sont limités à être des gestionnaires. (Notons que c’est un ex-gestionnaire qui écrit ça…) Nous passons plus d’énergie à trouver pourquoi et comment certains projets ne doivent pas être réalisés qu’à imaginer de nouvelles réalités.
Pourquoi ne réussissons-nous pas à nous offrir des soins de santé adaptés, rapides et efficaces, quand c’est possible ailleurs?
Pourquoi ne décidons-nous pas de nous détacher de façon concrète des énergies fossiles et de devenir la voie à suivre mondialement dans l’utilisation des énergies renouvelables?
Pourquoi n’inventons-nous pas des Jeux olympiques abordables où l’important serait le dépassement des êtres humains et non pas des dépenses de réalisation?
Pourquoi n’avons-nous pas un ministère du rêve, un grand réservoir d’idées pour que la routine ne devienne jamais la norme?
Pourquoi devons-nous être toujours sérieusement sérieux et jamais fantastiquement farfelues?
Je suis à la fois étonnée et perplexe: mon amoureux, reconnu depuis toujours comme le rationnel de service, développe tranquillement des idées subversives…
C’est vrai alors: tout peut changer!
Ça me fait réaliser comment je m’ennuie de longues randonnées à vélo, à rêver de comment changer mon monde. D’ici à ce que la neige soit complètement disparue, je vous propose de mettre la main sur un film de 1998, Pleasantville (Bienvenue à Pleasantville en version française) pour voir comment un monde blanc, gris et noir peut prendre de la couleur.
Je vous propose moi aussi un cadeau. Dans Le Devoir de samedi, Josée Blanchette signe une chronique inspirante où elle raconte sa rencontre avec la journaliste Lucie Pagé, qui partage sa vie entre le Québec et l’Afrique du Sud. Une personne qui rêve sa vie, vit ses rêves et clame ses idées haut et fort. C’est un article important, un beau cadeau…
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/435653/dans-les-pas-de-mandela
Un extrait: « Il faut cesser de mépriser les jeunes parce qu’ils descendent dans la rue pour défendre les intérêts de tout le monde. On devrait tous être derrière eux : les syndicats, les parents, les grands-parents ! Voter tous les quatre ans, ce n’est pas suffisant parce que les gouvernements ne nous protègent plus de la cupidité. Ce n’est plus qu’un exercice comptable ! Partout dans le monde, depuis 2008, les gens descendent dans la rue pour faire valoir leurs droits. »
Et… On est toujours partant pour des chips et de la bière ou du vin et du risotto… Chez vous ou chez nous!
Yvan et Marie
P.S.: La semaine prochaine, nous vous écrirons de Wells, Maine, États-Unis. Notre billet sentira l’air salin!