Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 28 avril 2013

Tourner une page ou lire sans papier

           Pas de défi particulier cette semaine, juste une réflexion « à quatre mains » sur notre plaisir de la lecture et de l’écriture en lien avec l’évolution de la technologie.

      J’aime lire.  J’ai toujours un (ou plus d’un) livre (s) en cours de lecture.  Depuis toujours, j’ai une relation fidèle avec le papier et la reliure qui ne se dément pas. J’aime toucher, sentir et tourner les pages, plier la couverture pour que le livre tienne ouvert. J’ai besoin de noter des choses directement sur le papier.  Quand je rencontre une coquille, je la corrige (je sais, je sais, c’est plutôt fou…J’assume ce travers!). L’aspect concret, palpable, charnel du livre me rejoint.  En général, j’aime dire que je consacre beaucoup de temps à lire chaque jour et que je lis sur différents supports.  Cette année, j’ai reçu en cadeau une tablette, un bébé ipad coquet  et j’ai commencé (à peine) à en explorer les possibilités.  Et, grâce à la patience et le génie de quelques enseignants de mon école,  j’ai découvert Facebook et Twitter qui ont radicalement transformé mes habitudes de lectrice.  Je lis maintenant aussi l’anodin, je suis témoin des «statuts» d’amis FB plus ou moins virtuels qui m’invitent à lire leurs mots d’humour, leurs émotions et leur suggestions au quotidien. Sur  Twitter, des gens que je connais (ou pas) me font découvrir des liens qui m’emmènent vers des blogues où je lis des textes insoupçonnés  sur l’actualité,  l’éducation, la twittérature et tout plein de sujets fascinants.  Au début, j’ai eu l’impression que je lisais moins.  C’est tout le contraire, somme toute! Je prends en fait beaucoup plus de temps pour lire… mais toutes sortes de choses.   C’est mon rituel de lecture, mes habitudes de lectrice qui changent, mais je lis toujours… Différemment.  Et j’écris davantage.

Un de mes rituels de chaque matin est d’ouvrir la porte et de tendre la main pour ramasser La Presse que le monsieur livreur a laissé à ma porte quelques minutes plus tôt.  Beau temps, mauvais temps, à la noirceur ou quand il fait plus clair, le monsieur livreur, je ne saurais lui donner un âge, est d’une fidélité impressionnante.  Chaque jour commençait avec une courte ou plus longue lecture sur l’état du monde, du sport et des arts avec, en prime, un mot croisé ou un sudoku.  Le jour où La Presse a cessé de publier son édition du dimanche,  j’ai été un peu déboussolé… Je me suis mis à vous écrire.

Depuis quelques jours, ce rituel est sérieusement mis à mal.  La Presse est encore à ma porte.  Je vais encore la chercher.  Comme par le passé, je la dépose sur la table.  Mais maintenant, j’ouvre ma tablette et j’actionne l’application de La Presse +.  L’état du monde s’anime devant mes yeux.  Les traditionnels articles sont agrémentés de séquences vidéo ou de photos défilantes.  J’ai l’impression de m’approcher (un peu) du monde de Harry Potter et de la « Gazette du sorcier » où les images du journal bougeaient constamment (je réclame ici des droits d’auteurs pour cette phrase, que j’ai dite cette semaine!).  Je dois même « lire » le journal avec des écouteurs pour que le son des séquences vidéo ne dérange pas les autres.  Ajustement majeur, moi qui écoute la radio en lisant, habituellement!!!

Samedi dernier, j’ai passé systématiquement au travers de tout le journal, en actionnant tous les hyperliens.  Au bout de trois heures, j’ai eu l’impression d’avoir lu/vu l’essentiel tout en me disant que je pourrais y passer un autre trois heures sans aucune relecture.  Je pense, avec le temps, avoir accéléré ma vitesse de lecture. Mais regarder un vidéo de deux minutes où Marc-André Lussier et Marc Cassivi échangent leurs impressions sur un film … ça prend deux minutes… et c’est très intéressant… mais ça dérange mon horaire.

Non seulement, cette version du journal est impressionnante mais elle me rendra plus « rangé » aux yeux de ma blonde.  Prenez La Presse du samedi par exemple.  Ses nombreux cahiers pouvaient traîner sur la table toute la fin de semaine.  À tous moments, pour toutes sortes de raisons, on pouvait s’arrêter et en lire un morceau.  Maintenant, seules nos tablettes sont sur la table, tout le reste est bien à sa place.  Notre porte-journaux est-il devenu un objet en voie d’extinction? (J’aimerais préciser quelque chose et attirer votre attention, chers lecteurs, sur le monde idyllique dans lequel mon amoureux croit vivre… Non, La Presse papier ne passe pas la fin de semaine complète sur la table… Parce que j’y veille!  Je range, je balaie, je nettoie, entre autres la fin de semaine.  Et je re-range les cahiers et tout ce qui re-traîne, parce que je vis avec trois hommes charmants certes, mais traîneux et que j’aime bien que chaque chose soit à sa place! )

Remarquez que tout n’est pas encore parfait (heureusement pour moi qui suis parfaitement imparfait) : il n’y a pas de mots croisés ou de sudoku dans cette version électronique et il me semble ne pas avoir vu de section nécrologique ou de petites annonces (mais je ne les lisais pas dans la version papier).  Peut-être cesserons-nous de mourir ou de se vendre des choses? Je regarde souvent la section des décès.  On ne sait jamais… Et je ne l’ai pas vue dans La Presse+…  Je n’y ai pas vu non plus d’horoscope!  J’aime bien lire le mien avant de partir travailler. Ça fait partie des choses que je fais qui ne servent à rien mais qui me réconfortent. 

Quelle surprise, dimanche dernier, de découvrir qu’il y avait aussi une édition dominicale.  Les Nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse ont maintenant un sérieux concurrent.  Finalement,  cette version électronique de La Presse est gratuite et elle arrive aussi fidèlement qu’autrefois dans ma tablette, aux aurores.  Un mélange de nostalgie et de négligence m’a empêché d’annuler mon abonnement papier.  À moins qu’inconsciemment je m’inquiète pour mon monsieur livreur. De mon côté, je m’inquiète très consciemment  pour lui … Je n’aime pas beaucoup l’idée de contribuer à une perte d’emploi… Et je me questionne : La Presse +, c’est gratuit, maintenant… Mais pour combien de temps, si chaque propriétaire de iPad résilie son abonnement?

De la même façon, même si mes habitudes de lectrice ont changé, je suis restée fidèle aux livres.  Je les lis autrement, peut-être plus lentement, mais je continue à lire des livres  ET je lis à l’écran. Étrange et fascinant de se trouver au cœur même de ce  moment charnière du changement…

Yvan et Marie

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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2 Responses to Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 28 avril 2013

  1. Avatar de Sylvie Gagnon Sylvie Gagnon dit :

    Confidence pour confidence, je dois également avouer que j’ai délaissé le livre papier pour le livre numérique. Ce dernier est entré dans ma vie de lectrice l’automne dernier. Plus léger et moins encombrant à transporter maintenant que je voyage par avion au lieu du motorisé. Je suis abonnée à la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec http://www.banq.qc.ca). Leur système gratuit de prêt et de réservation me permettent de découvrir pleins de nouveaux auteurs auxquels je ne me serais pas intéressée autrement. Le monde virtuel est maintenant un grand livre ouvert … où que je sois sur la planète.

  2. Avatar de Lyne Lyne dit :

    Pour moi qui vis dans un pays étranger, pour ne pas dire étrange, surtout ces jours-ci, le IPAD a changé ma vie et ma façon de lire aussi… Grâce à lui (eux, j’en ai maintenant 2), je peux lire La Presse (mais pas la Presse + parce que l’internet est trop « slow » dans ce pays qui se dit émergent et que ça prend trop de temps pour que les vidéo et les photos s’affichent), j’achète des livres en français sur Archambault.ca, Renaud-Bray ou Chapitre.com, bref, je peux vivre culturellement en français tout en habitant a Bangladesh…. Ce qui n’aurait pas été possible ou du moins pas si facile avant l’arrivée de ces outils de lecture « moderne »……

    Mais rien ne remplacera un livre en papier, l’odeur de l’encre et la sensation du papier (j’ai quand même travaillé 9 ans chez un imprimeur!!!!)

    Bonne semaine, en espérant qu’aucun building ne s’effondre cette semaine, nous avons eu notre quota de mort pour la décénie…

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