Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 19 mars 2017

Changement de dizaine

Dans deux jours, le 21, Marie aura 60 ans.

Quand on était plus jeune, beaucoup plus jeune, les gens de 60 ans commençaient à devenir de vénérables personnes âgées. On se souhaitait de vivre au moins jusqu’à cet âge…en gardant toujours notre énergie de petit enfant.

Pour Marie, ce sera mardi.

Elle en est bien au courant, mais elle ne semble pas avoir ni compris ni assimilé les conséquences de cette étape. En fait, le calendrier a perdu son emprise sur elle parce que les mots ont pris toute la place. Elle écrit, elle chante, elle lit. Trois passions qui ont donné des teintes éclatantes à cette personne qui est en train de déjouer le temps.

Tous les jours, je la vois écrire. Nous nous sommes même connus grâce à l’écriture. Sur sa page Facebook, elle partage ses coups de gueule et ses coups de coeur. Par des courriels ou messages texte, elle lance une nouvelle idée, organise un nouveau projet ou maintient des liens. Vous pouvez aussi la lire sur ce blogue chaque dimanche de janvier à juillet, depuis bientôt sept ans, mais pas aujourd’hui!

Non satisfaite de devenir une choriste studieuse et appliquée, elle est aussi responsable des communications écrites de son ensemble vocal. Des mots qu’elle choisit soigneusement mettent en lumière chacun et chacune de ses collègues.

Et elle lit. D’aussi longtemps que je la connaisse, elle a toujours lu. Ce n’est sûrement pas la soixantaine qui y changera quelque chose. Mais depuis quelque temps, elle offre sa voix de lectrice aux autres. On vous a parlé de son engagement à Vues et Voix pour les personnes qui ont perdu l’accès à la lecture par eux-mêmes. On vous a aussi parlé de sa récente implication dans des classes du primaire où elle lit et anime des périodes autour de livres illustrés.

Dans ce dernier cas, les premiers résultats de son partage sont étonnants. Une enseignante lui a raconté comment ses élèves ont commencé à développer, un peu grâce à elle, une sensibilité plus grande aux mots. Ils ne se satisfont plus d’écouter une histoire, mais ils se l’accaparent, la vivent, évaluant le rôle de chaque personnage, supposant l’évolution du récit, réagissant à son dénouement. Ce faisant, ils ont ouvert de nouvelles portes à leur environnement.

Elle a gagné son pari. Elle vivra au moins soixante ans, en gardant beaucoup de l’énergie de sa petite enfance, avec en boni, un soupçon de sagesse laissé par le temps.

Et moi, j’ai la très grande chance et le bonheur de vivre avec elle…pour encore longtemps.

Yvan

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 12 mars 2017

Changement de plan et changement d’heure

Samedi matin, 11 mars 2017: Avertissement de froid extrême.

C’est le message que je viens d’entendre à la radio de Radio-Canada à Québec, température de -28 C, facteur éolien de -38 C.  En fait, nous sommes « en vacances » pour quelques jours à St-Ferréol-les-Neiges. J’écris ce texte en regardant les pentes du mont Sainte-Anne… où je ne vois personne. La radio vient de nous donner la permission de ne rien faire. Je ferai et entretiendrai un bon feu dans la cheminée, nous écrirons, lirons, regarderons plusieurs épisodes de Game of Thrones, « siesterons », avec le grand plaisir de ne pas se sentir coupable… parce que la radio l’a dit !

-38 C ! Les narines collent. Les pas qu’on fait sur la neige durcie, quand il faut absolument sortir, produisent un son aigu et crissant (verbe crisser au participe présent !).

Immense plaisir de se caler confortablement dans les couvertures… Soupirs d’aise.

Je l’avoue, le fait de vivre avec un scout dans l’âme vient avec quelques avantages majeurs : l’art de faire et d’entretenir un feu, notamment !

feu

Ça me rappelle ces belles tempêtes de neige de « l’ancien temps » avec beaucoup de neige, beaucoup de vent et pas d’école… parce que la radio l’avait dit. Quand le temps se faisait plus clément, on sortait DANS la neige, nageant plus que marchant. Le silence était très impressionnant pour un petit garçon de la ville, même les chenillettes roulaient dans un bruit étouffé.

Comme vous lisez ceci sur un ordinateur, une tablette ou un téléphone intelligent, assurez-vous que l’heure de votre montre est la même que celle de ces appareils. On vient de changer l’heure.

Avant de se coucher, deux fois par année, mon père faisait le tour de l’appartement en ajustant les horloges et les montres. Depuis que je ne vis plus chez mes parents, j’ai repris cette tradition, m’assurant qu’au réveil, chacun pourrait lire « la vraie heure ». Serai-je le dernier à perpétuer cette tradition ? Il ne me reste plus à ajuster que l’horloge de la cuisinière, du micro-ondes, d’un vieux radioréveil dans notre bureau et ma montre. Tous les autres appareils de la maison changent l’heure « par eux-mêmes ». Sur cet aspect, je deviens désuet   😉 … sur cet aspect !.

Comme je n’y suis pas, j’espère qu’Antoine aura changé l’heure avant notre retour, mardi… 

Yvan et Marie

P.S. À titre d’information, ma cheville va mieux. Merci pour vos encouragements et les gentils commentaires ! Je clopine encore, la canne est devenue mon alliée pour les déplacements (un peu) plus longs et les traitements de physiothérapie commencent la semaine prochaine. Je profite encore un peu des talents d’aidant naturel et de scout de l’amoureux !

Mt-Ste-Anne

 

 

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 5 mars 2017

CHANGEMENT DE POSTURE

Depuis lundi, j’appréhende les réalités autrement. Généralement, je déambule, du haut de mes 5 pieds 7 pouces, je pousse les portes et j’accède comme je le veux, où et quand je veux, à des endroits variés et accessibles aux bipèdes.

Lundi midi, PAF. Arrêt sur image. Un enfant qui courait dans un corridor d’école a surgi devant moi inopinément.  J’ai voulu l’éviter et m’éviter de m’étaler.  Bref, ma cheville droite, déjà « tendinitée » et le talon qui y est attaché, déjà amoché par une épine de Lenoir, ont pris le coup.

C’est ici que j’ai commencé à m’improviser « aidant-naturel ».  Une partie du cerveau doit se mettre en mode « prévision » pour notre bien-aimée blessée.  Stationner très près des portes, trouver rapidement une chaise-roulante, soutenir au sens propre (pas vraiment élégamment) et figuré et ça ne faisait que commencer.  Durant les quelques jours de cet engagement, j’ai eu de nombreuses pensées pour ceux et celles qui occupent ces fonctions sur de très longues périodes.

Longue (ben oui) attente, hôpital, clinique, radiographies et médecin finalement rencontré.

Diagnostic: très vilaine entorse + arthrose.

Verdict: interdiction de mettre du poids sur la dite jambe jusqu’à vendredi (de toutes façons, je n’y serais pas arrivée, même si j’avais voulu le faire), prescription d’anti-inflammatoire pour 10 jours et traitements de physio à venir. 

Depuis lundi, donc, j’appréhende les réalités autrement. Fort heureusement, à l’hôpital et à la polyclinique, des fauteuils roulants sont mis à la disposition des patients. J’ai circulé dans les couloirs de l’urgence, à la salle d’attente, dans le bureau de l’accueil et au triage en position assise, la patte en l’air. Ouvrir une porte, la tenir et avancer deviennent des défis. Aller toute seule aux toilettes (quoiqu’adaptées) également. Atteindre le distributeur de papier essuie-mains implique une chorégraphie.  Les poussettes poussées par les mamans anxieuses et les marchettes manipulées par les vieilles dames inquiètes et malhabiles deviennent une menace pour le pied surélevé.

Les retours et les départs de la maison, ainsi que la distance à parcourir avec des béquilles entre le siège de la voiture et la porte d’entrée, incluant les quelques marches à franchir entre les deux: une épreuve digne de Fort Boyard. Que j’ai échouée, lamentablement. Je suis arrivée à me propulser sur une seule jambe, une fois rendue sur du planche. Mais monter? Descendre? Neunon.  Impossible.

Dieu a quand même été bon!  Il a fait beau et pas très froid en début de semaine.  J’ose à peine imaginer Marie rampant dans un escalier « slocheux ».

Il y a trois étages chez nous: je vous donne la permission de sourire en m’imaginant monter et descendre les escaliers sur les fesses, sans grâce ni dignité aucune, tentant de conserver ce qui me restait d’élégance et le peu de force physique que j’avais  pour me relever de la position assise sur une seule jambe et me déplacer à béquilles,  de la cuisine au salon et de la chambre aux toilettes.  Pas facile, je vous jure…

Presque tous les engagements de cette semaine furent annulés ou déplacés.  Mais le jeudi, c’est la journée consacrée à Vues & Voix: radio et lecture. On a fait tout ce qu’on pouvait pour y maintenir notre présence. Certains Jean-Coutu louent des fauteuils roulants, le saviez-vous? Dans les locaux de V&V, d’autres découvertes édifiantes et consternantes: la salle de toilette des dames, malgré ce qu’elle affiche crânement, n’est aucunement accessible aux personnes à mobilité réduite. Un dénivelé en bloque l’accès au départ. J’y suis entrée grâce à Yvan, qui m’a fait faire un « Willie » spectaculaire. Ensuite, non seulement le cabinet n’est pas assez large pour accueillir et faire tourner le dit fauteuil, mais pour sortir, il n’y a pas de mécanisme d’ouverture automatique de la porte, qui s’ouvre… de l’intérieur! Sans un bon samaritain qui fait le guet, la visite peut s’étirer longtemps…Attention, attendre devant la porte de la salle de bain des femmes peut avoir de drôles d’effets sur votre réputation !!! J’ai vraiment eu à expliquer, un peu hilare et surtout rouge, la raison de ma présence à cet endroit.

En soirée, le fauteuil est ressorti: visite culturelle cette fois et Dieu merci, la Place des Arts, son stationnement, ses installations et le personnel de la salle symphonique peuvent se vanter de pouvoir accueillir dignement les gens qui roulent à fauteuil.

Déjà, j’en parle  au passé: je clopine maintenant avec une canne, lentement mais sûrement,  les béquilles seront rangées et le fauteuil retournera bientôt à la pharmacie.  Ces quelques jours m’auront fait réaliser l’importance de l’équilibre et de la force musculaire qui me fait défaut.  Mais surtout, que le monde est fait pour les humains autonomes et sur deux pattes.  

Prise de conscience d’une forme d’injustice, pour toutes ces personnes qui roulent de façon permanente…et du besoin de mieux soutenir les gens qui leur viennent en aide.

Marie et Yvan

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 26 février 2017

Taux de change

Nous sommes assis devant l’agente de voyage.  Cette idée charmante d’aller en Italie pour souligner nos soixantièmes anniversaires communs est en train de prendre forme. 

– Quand pensiez-vous partir?

Cette simple question suscite une réponse pas si simple.  Dans notre couple, Marie s’occupe d’aimer le voyage et je m’occupe de l’organiser (avant de l’aimer avec Marie). Bon. On va clarifier une couple d’affaires. J’ai l’air de quoi, moi, là? La princesse qui se laisse organiser et qui suit béatement? C’est vrai, c’est toujours Yvan qui se tape l’itinéraire et la majorité des lectures préalables. J’aime pas tellement ça, c’est vrai. Je préfère anticiper (un peu) et vivre pour vrai les choses. Mais j’aimerais ajouter que je trouve moi aussi des bons « spots », que mes intuitions et les suggestions d’amis d’amis me guident aussi et que je suis une inconditionnelle des listes pour bien s’organiser. Bon. C’est dit. Quand même… On s’était dit que le mois de septembre était idéal – même si j’aurai un peu plus de 60 ans à ce moment – parce qu’il ne fait pas trop chaud, que la majorité des touristes sont retournés à la maison et que nos engagements bénévoles ne sont pas encore totalement enclenchés.

 – Le 5 septembre.

Je regarde, de côté, la réaction de Marie.  Je ne me souviens pas de lui avoir parlé d’une date précise.  Quand j’étais petit, le mardi suivant la Fête du travail, ça voulait dire la fin des vacances et le début des classes.  J’ai même commencé à travailler à Statistique Canada, précisément ce mardi-là, en septembre 1978.  Partir à ce moment, c’est comme tirer la langue à la rentrée…

Pas de réaction particulière à ma droite. Elle doit se dire: « Pourquoi pas? »

À partir de ce point, le voyage débute vraiment.  Une carte géographique est étalée sur le petit bureau de l’agente.  Tous ces noms magiques!!! Combien de jours à Rome, à Florence et Venise? Où habiterons-nous en Toscane, pour combien de temps?  Voulons-nous pousser une pointe jusqu’aux Cinque Terre?  Est-ce que ça serait exagéré de se rendre jusqu’à la Côte Amalfitaine? Ça nous amène à quelques autres questions importantes: Combien de temps serons-nous partis? On arrive où? On repart d’où? On voyage comment entre les deux?

Trop de possibilités tentantes, on se laisse en fixant un prochain rendez-vous, où, après avoir réfléchi et discuté, nous prendrons les décisions qui donneront plus de réalité à cette nouvelle aventure.

Je réussis facilement à ne pas le montrer (je pense) – Hahahahahaha! – mais je suis vraiment excité.  Découvrir le début de la soixantaine en amoureux avec Marie dans un pays fait pour les amoureux! Créer notre propre histoire à partir des descriptions un peu factuelles des guides de voyage… Mais surtout, pouvoir enfin dire à Marie, sans me tromper (de conjointe!), « tu te souviens, la fois où nous étions en Italie? » 

 Caro amore, vuoi venire in Toscana con me? Marie, tu seras la seule à qui je dirai cette phrase en italien!

Souhaitons-nous plusieurs autres rencontres pour rêver des balises de plusieurs autres périples. Et l’énergie de les vivre, pleinement…

P.S.: Au moment où j’ajoute mon fion à ce billet, Ici Musique diffuse l’émission de Stéphane Archambault, Vraiment Top, dont le thème est… le voyage! Tout plein de chansons inspirées et inspirantes. Ya pas de hasard… Le lien: http://www.icimusique.ca/emissions/vraimenttop

 

Yvan et Marie

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 19 février 2017

Changement de décor

Un billet léger, presqu’à la fin de février. Bonne idée, d’avoir choisi justement ce second mois de l’année comme étant le plus court: on n’en prendrait pas davantage!

En souhaitant que vous ayez pu souligner le 14 en amitié ou en amour!

Marie

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Pour plusieurs raisons, dont la paresse, je n’ai pas pelleté depuis Noël dans la cour arrière.  Et, au cas où vous ne vous en seriez pas aperçu, il a beaucoup neigé cette semaine…

Devant la porte-fenêtre, il doit y avoir un monticule d’environ un mètre de haut.  De cet endroit, un long tapis blanc, tout lisse, se glisse jusqu’à la balancelle près de la clôture du fond.  On en voit à peine le haut du siège.  Dans la cour d’en face, la remise des voisins regarde le tout, avec un énorme chapeau immaculé.  Le soleil du midi s’amuse à dessiner les ombres des branches sur ce gigantesque tableau blanc qu’un petit vent rend interactif.

Il est maintenant rare que nos hivers nous ramènent à notre enfance.  Ce temps où nous étions des nains à côté des bancs de neige.  Ce temps où avec une petite pelle rouge nous pouvions inventer un monde de forts, de batailles joyeuses et presque inoffensives.  Nous passions de longues heures dehors et revenions finalement à la maison, les vêtements complètement mouillés et les joues de la couleur de la petite pelle.  Pendant que quelqu’un d’autre s’affairait à faire sécher tout ça, le chocolat chaud sentait et goûtait le bonheur.

Je n’irai pas pelleter dans la cour arrière…

Yvan

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 12 février 2017

CHANGEMENT DE PROGRAMME

C’était, cette semaine, la semaine des enseignant.e.s.

Évidemment, c’est un monde auquel  je suis plutôt sensible, y ayant baigné, vécu et contribué pas mal.

Je retourne cette année dans plusieurs classes pour lire aux élèves. Mercredi après-midi, j’étais à l’école Wilfrid-Pelletier, où nos fils sont allés au primaire. J’ai offert à l’enseignante de 2e année de lire des histoires en lien avec les thèmes de ses modules de recherche.  Mercredi après-midi,  tout comme la semaine précédente, je devais lire deux livres d’images choisis sur le thème de l’espace.

L’idée de base, c’est de lire les livres, en lecture interactive, c’est-à-dire en posant des questions, en faisant faire des hypothèses, en provoquant des réactions. Au fur et à mesure, on complète avec  les enfants un grand tableau comparatif et au final, ils sont invités à identifier leur livre préféré et à expliquer leur choix et leurs motivations en petits groupes.

Ça, c’est ce qui était planifié. Sur papier. C’est tellement important, une bonne planification. Et ô combien utile… En principe.

Dans la vraie vie, il a fallu s’adapter!

Imaginez la scène: dans la classe, les enfants sont assis en demi-cercle, certains sur les chaises, d’autres par terre, quelques-uns sur d’immenses poufs. Pendant la lecture du premier livre, au beau milieu d’une discussion passionnante, on entend un bruit liquide et insolite. Tous les regards se tournent vers l’origine du son, qui reprend: A. assis sur sa chaise, vomit entre ses jambes tout ce qu’il a mangé dernièrement.  Piteux, il n’a aucun contrôle sur ce qui lui arrive et surtout, qui n’arrête pas.  Éclaboussures sur lui, sur le plancher, sur ce qui l’entoure. Panique dans les rangs, les autres enfants réalisent ce qui se passent, se lèvent et, dégoûtés, s’éloignent de la source du bruit (qui continue à dégobiller), oubliant toutes leurs bases d’empathie, néanmoins bien apprises.

Et c’est là que toute la magie opère. Un regard et quelques mots entre nous deux ont suffit. Lynda, l’enseignante a pris les choses en main. Calmement, elle a rassemblé ses autres poussins, les a rapidement faits sortir du local, a communiqué à l’intercom avec la secrétaire pour aviser le concierge et lui demander de venir ramasser le dégât et a emmené les élèves au premier étage à la salle de toilette, pendant que je m’occupais d’A. (le pauvre…).  On a appelé la maman, qui est venue récupérer le porteur du virus, bien sûr. J’ai terminé la lecture du premier livre dans une autre classe (dont les élèves étaient partis au gymnase),  laissant le temps au concierge de désinfecter la zone sinistrée. Nous avons pu, globalement, retrouver un peu le fil de l’histoire et profiter de l’occasion pour nommer les émotions vécues, les nôtres tout autant que celles du pauvre A.

Une fois revenus dans la salle de classe nettoyée, on s’est réinstallé, prenant bien soin de laisser vacante la section encore humide et la fenêtre ouverte…  Le tableau fut complété et la seconde histoire lue, mais beaucoup plus rapidement que ce qui était prévu! Et l’enseignante a reporté l’activité d’appréciation au lendemain matin. Elle en a profité pour faire nettoyer le dessus de chacun des pupitres et a vaporisé du désinfectant sur tout ce qui risquait d’être atteint. Les petits, calmement, ont pris le temps de vérifier s’ils avaient, dans leur sac, tout le nécessaire pour les leçons du soir et les activités du lendemain, se sont habillés pour aller jouer dehors et m’ont raconté leurs petites histoires de vie.

Tout mon respect, toute mon admiration pour ces hommes et ces femmes de cœur qui, non seulement planifient, enseignent, corrigent, évaluent, organisent, gèrent, mais aussi écoutent, calment, soignent, consolent  et prennent soin du cœur de chacun de leurs élèves , tout en s’adaptant aux mille imprévus qui surviennent, inexorablement.

Merci et bravo les enseignant.e.s!

Marie

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 5 février 2017

Un monde en perpétuel changement

Beaucoup de gens ont bien parlé et bien écrit. Je me suis demandé ce que je pourrais exprimer de plus. Il y a de ces moments où je ne dois pas me taire.

J’ai profondément aimé l’école secondaire Henri-Bourassa. J’en ai parlé dans plusieurs billets de ce blogue dans le passé. À cet endroit, j’ai côtoyé des gens dynamiques, curieux, enthousiastes, préoccupés, créatifs, joyeux, turbulents, engagés. Tous, équipe-école, élèves, parents avons mis nos énergies ensemble pour faire de cette école, située dans un arrondissement difficile de Montréal, un lieu de croissance et d’épanouissement. J’ai l’impression que nous avons un peu réussi.

J’oubliais de vous dire qu’à cet endroit, tous, équipe-école, élèves, parents venions de plusieurs endroits sur la Terre. L’école Henri-Bourassa est, à elle seule,  une petite              « organisation des Nations Unies ». Les événements de cette école étaient multicolores et  « multisonores ».

J’oubliais de vous le dire parce que pour mes garçons, Félix et Antoine, ceci n’est pas une particularité. Leurs ami.e.s portent des noms de toutes consonances et pour eux, ils et elles sont simplement… leurs ami.e.s.  Leur monde était ce monde,  microcosme de ce qu’est devenu Montréal.

Dimanche, en apprenant les nouvelles sur les événements de Sainte-Foy, j’ai eu un grand frisson. Les gens qui sont morts parce qu’ils priaient auraient pu être des gens avec qui je me suis impliqué dans des conseils d’établissement ou que j’ai croisés au hasard de réunions de parents, de rencontres avec les enseignants. 

J’ai entendu Marie-France Bazzo à la radio. Elle souhaitait qu’on change l’expression à la mode de plusieurs politiciens : « le vivre-ensemble » en enlevant, tout simplement, le « le » et le trait d’union…

Dans la même optique, mais avec un aspect plus « cycliste », je vous propose vivement le texte suivant: Le Monde à vélo: eux et nous.

Quoi dire de plus?

Sinon la peine et la colère…

Sinon l’examen de conscience nécessaire pour chacun.

La peur de l’autre, conjuguée au besoin d’un « nous » fort révèlent ce tas de saletés cachées sous le tapis identitaire. Trop facile. Réconfortant. Illusoire. L’image souhaitée est bien plus plaisante. La majorité, instigatrice du Nous, du Eux et du concept de « la différence » a,  forcément, en perpétuant cette illusion, quelque chose à perdre.

Toute la semaine, j’ai pensé à cette phrase, répétée par la méchante reine, dans le conte des frères Grimm:  « Miroir, miroir, qui est la plus belle? » Depuis dimanche dernier, la réponse, comme le miroir, vole en éclats et nous éclabousse: ben non, nous ne sommes pas aussi tolérants qu’on voulait le croire…

À lire et pour réfléchir, ce texte de Francine Pelletier: Sortir de l’angélisme. 

Yvan et Marie

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 29 janvier 2017

Et si on « causait » de changement…

Cette semaine se tenait l’événement Bell Cause pour la cause.  C’est une journée qui me tient à cœur, pour plusieurs raisons, notamment parce que certains de mes amis sont engagés jusqu’au toupet dans  des organismes et des projets en santé mentale.

Mais,  parler de santé mentale me touche aussi parce que j’ai, moi-même,  passé huit mois « dans ma chambre », il y a maintenant dix ans.  Diagnostic officiel: épuisement professionnel. Malade du travail. Huit mois d’arrêt, à essayer de me recomposer; de longs mois de soins en psychologie pour comprendre ce qui m’avait menée jusqu’au « carton du scott towel ».  Soins, réflexions et exercices accompagnés d’une médication prescrite: antidépresseurs utiles pour adoucir une réalité devenue trop douloureuse et pour m’en distancier, le temps qu’il a fallu.  Je le dis sans gêne. J’ai dû aller chercher de l’aide. Malgré leur bonne volonté, les ami.e.s et la famille ne suffisaient plus.

Depuis, j’accepte (j’essaie, à tout le moins!) une hypersensibilité qui fait partie de moi.

Dans cet ordre d’idées, deux textes ont attiré mon attention cette semaine.  

  • Parce qu’un changement de mentalité dans le monde du travail est plus que souhaitable, parce que le problème est souvent social et institutionnel, qu’il émane des structures mêmes du travail et qu’on le fait tristement porter aux individus, à lire, le texte de Patrick Lagacé, publié mercredi dans La Presse+: Gestion merdique des ressources humaines.
  • Parce que j’étais dans mon milieu de travail, un « agent de changement ». Motivée, passionnée, investie et engagée, parfois plus que le client en demandait… Davantage à risque, semble-t-il, ces agents de changements, de souffrir de la fatigue du super héros. Ce second texte, publié sur le site du magazine Les Affaires, est loin d’être ésotérique ou nouvelâgeux. Il présente  les risques qui pèsent sur les gens qui « se font dire qu’ils ont le potentiel de changer les choses, pour qui il paraît impensable de ne pas aller au bout de ce potentiel; pour qui ça devient une question de responsabilité et un désir profond; qui se mettent alors une pression énorme sur les épaules parce qu’ils veulent faire partie de ceux qui font une différence ». 

Les risques, les signes à reconnaître et des pistes de solution, Dieu merci!

Une des leçons que je retiens de cette époque, est, pour le conjoint, d’être là, présent, assez près pour soutenir mais pas trop.  Comme dans ce texte…

Marie et …Yvan

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 22 janvier 2017

Changement de slogan

Il y a huit ans, un grand bonhomme mince et noir de peau a touché le cœur des gens de son pays en leur disant « Yes, we can » (Oui, nous pouvons).  Bien que je ne sois pas américain, probablement comme plusieurs autres personnes dans le monde, je me suis aussi senti visé par ce slogan.  Qu’un homme à la peau noire puisse porter le serment d’allégeance de président américain signifiait clairement que bien des obstacles pouvaient être surmontés et que ce qui était pouvait être changé.

Aujourd’hui, un nouveau président, blanc, riche dit « Let’s make America great again » (Transformons les États-Unis en un grand pays à nouveau).   Cette fois-ci, je ne me sens pas du tout impliqué.  Il ne parle qu’aux américains (en fait, j’ai l’impression qu’il ne parle qu’à une certaine partie des américains).  Je vais donc continuer à vivre en me disant que moi aussi, je peux… Et si je peux, probablement, je dois…

Aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes ont signifié à ce nouveau président blanc, orange et milliardaire, partout dans les grandes villes américaines et d’ailleurs dans le monde, qu’ils et elles ne lui faisaient pas confiance.  Qu’ils et elles ne se reconnaissaient pas dans ce nouveau slogan, ni dans les idées racistes et sexistes qu’il charrie.

Je sais bien qu’au-delà de l’élégance du 44e président sortant, au-delà de sa dégaine et de son aisance à communiquer, il y a eu des déceptions: ne serait-ce que le fait d’avoir laissé passer une chance d’agir autrement en 2008…

Mais il était, pour moi et d’autres, porteur d’espoir.

Le 45e, lui suscite, semble-t-il, autant d’inquiétude que de mobilisation…

Je choisis de voir de l’espoir dans la mobilisation…

Yvan et Marie

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Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 15 janvier 2017

Changements

En cette huitième année de défis-vélo et de marathon d’écriture, nous avons décidé de réfléchir sur le phénomène du changement. 

Grands et petits changements, tristes ou heureux, pour nous, dans notre entourage, pour nos voisins les Américains (soupir…), nous aborderons des situations où le cours de la vie change… tantôt sérieusement, parfois plus drôlement, que ces changements  proviennent de notre volonté ou qu’ils nous soient imposés par des circonstances sur lesquelles nous n’avons que peu ou pas de contrôle. Dans bien des cas, le changement charrie son lot d’inconforts et de peurs devant l’inconnu… C’est peut-être naïf, mais souvent, « nommer » la peur confère à celle-ci une force moins intense…  Alors, nommons…

Mon ami Benoit Larocque, qui souffrait, depuis plusieurs années, du myélome multiple et pour qui l’équipe du Pépère roulait depuis deux ans est décédé l’été dernier…

Une nouvelle membre de l’équipe depuis le Défi-vélo de juillet dernier, Geneviève Gélinas, a donné l’un de ses reins à sa meilleure amie et, fort heureusement, tout s’est bien passé pour chacune d’elles. 

J’ai abordé en juin dernier le début d’une nouvelle dizaine, la soixantaine. Jusqu’ici, ça va…

Marie a commencé cet automne à faire de la lecture à des élèves du primaire, dans leur classe. 

Pendant toute l’année 2016, il a fait plus chaud qu’à n’importe quelle autre époque…

On devrait donc vous revenir tous les dimanches, entre maintenant et le début juillet 2017.  Notez qu’il y a des choses qui ne changent pas: pas de changement, donc, dans l’engagement des membres de l’équipe du Pépère à vélo pour la recherche sur le myélome multiple et pour la Maison des greffés Lina Cyr. 

Par contre, on aimerait bien prévoir un changement de température pour le Défi-vélo du 7 et 8 juillet prochains, considérant la flotte, le froid et les difficultés vécues le deuxième jour, l’an dernier!  Appel à tous.

Yvan et Marie

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