L’avant-dernier billet: celui que vous avez écrit…
Le thème du changement a suscité des créations variées, très personnelles et même humoristiques. Nous avons eu plaisir et émotions à les lire. Nous vous présentons ces textes dans l’ordre où nous les avons reçus.
Cela dit, peu importe l’ordre, honnêtement, c’est un grand cru!
Garder la porte ouverte
France a été la première à nous écrire, elle nous a envoyé une pensée et une photo qui introduisent bien le thème.
Au bureau, je reçois quotidiennement une pensée d’un collègue. Parfois les pensées m’inspirent, me font réfléchir et/ou me bouleversent.
Je voulais partager avec toi cette pensée qui est reliée au thème du changement. Que ce soit vie personnelle ou professionnelle, cette pensée s’applique.
Bonne soirée. Salue Marie!

France
Le changement à la suite d’une grave maladie
À cause du contenu très personnel de ce texte, son auteure a souhaité garder l’anonymat.
Quand on est jeune, rien ne semble pouvoir nous arrêter. En vieillissant, on se rend compte qu’on n’a pas la même énergie, bien que certaines personnes (entre autres Yvan) nous montrent qu’avec de l’entrainement et de la persévérance, on arrive à garder la forme et parfois même à se dépasser.
Puis un jour, sans aucun avertissement on perçoit des signes étranges : fatigue extrême, difficulté d’élocution, douleur thoracique. Le lendemain, tout est revenu à la normale. On arrête de s’inquiéter.
Quelques semaines plus tard, c’est la crise, la crise grave. Aucune force dans les muscles, difficulté de parler, douleurs dans tout le corps. Suivent alors l’ambulance, l’urgence : on craint un AVC ou un autre problème cardiaque. On voit la peur dans les yeux de ses enfants. On veut continuer de vivre.
Après plusieurs tests, le diagnostic tombe : maladie chronique rare, opération obligatoire et médicaments, ayant des effets secondaires importants, pour contrôler la maladie. Mais on est en vie.
Peu importe le nom de la maladie ou l’état de santé, le changement se dessine à grands pas. Après la colère, il y a « pourquoi moi? ». Mais il faut accepter la situation, accepter les changements petits ou grands et apprendre à changer certaines pratiques de sa vie actuelle. Superbe, on est encore en vie.
Les médicaments empêchent les crises et contrôlent la maladie qui sera toujours présente. Dans les cas d’AVC, les exercices de réadaptation aident à réapprendre à parler, à marcher et à reprendre certaines activités. Mais la vie ne sera plus la même. Il faut accepter le changement. Même si on est un peu ou passablement diminué, on réussit à accepter le changement et même les douleurs parce qu’on a vu la mort tout près. On est en vie et heureux de vivre.
La maladie nous ralentit, il y a des jours où les muscles font mal et ne suivent pas, où la fatigue prend presque toute la place et il est clair que la force physique n’est plus la même malgré les efforts et l’exercice. Mais on sourit, parce qu’on est en vie.
Une fois sa nouvelle condition acceptée, on se réjouit de pouvoir encore marcher, même si on est plus lent, de faire du vélo, même si on ne peut pas aller aussi loin. On peut encore aller au cinéma ou au restaurant et organiser des rencontres avec sa famille et ses amis. Mais souvent ce qui est le plus important, c’est de voir ses enfants, de discuter avec eux, de partager de bons ou de moins bons moments, de savoir qu’ils vont pouvoir compter sur leur maman. On espère que ce sera pour encore plusieurs années. On planifie même des voyages, des excursions, des soupers et de beaux moments au chalet. La vie est belle, on est en vie.
Depuis près d’un an, tous les jours en me réveillant, je suis heureuse. Au printemps, j’ai vu le lac dégeler, la nature se réveiller, les arbres commencer à se garnir de différentes teintes de vert, un superbe spectacle. Maintenant, tous les jours je répète souvent: merci, je suis en vie.
Quand je pense à ceux et celles qui se battent contre le cancer, à ceux et celles qui ont perdu leurs combats, à toutes ces personnes qui attendent un greffe, à tout ce long parcours qu’elles devront traverser, je me trouve chanceuse. Les changements que j’ai dû accepter ne sont pas si grands.
Le changement à la suite d’une grave maladie, il faut savoir l’accepter. L’étape suivante est presque facile : il faut profiter de la vie pleinement et avec le sourire, même si ce n’est plus comme avant. Le plus important: On est en vie.
Je pourrais ne plus être là pour apprécier la vie, la vie que je trouve si belle et si extraordinaire, malgré ou plutôt avec les changements que j’ai dû apporter à mes petites habitudes. Aujourd’hui, LA VIE EST BELLE ET MAGNIFIQUE!
Adaptation
Martine, que nous avons nommée la Châtelaine de Monsabré, nous a envoyé d’abord une citation, ensuite une chanson que vous reconnaîtrez aisément et une adaptation qui risque de me hanter (avec un petit sourire) durant de longs moments du Défi-Vélo.
L'optimiste voit l'opportunité dans chaque danger;
Le pessimiste voit du danger dans chaque opportunité.
Winston Churchill
DANS MON CORPS DE JEUNE FILLE
LES TROIS ACCORDS
J’étais fatiguée d’être celle que tu ne voyais pas
Que tu ne voyais pas
J’ai porté de la dentelle sous ma veste à pois
Si tu avais vu laquelle tu comprendrais pourquoi
Tu comprendrais pourquoi
Dans mon corps
Dans mon corps de jeune fille
Dans mon corps de jeune fille
Il y a des changements (x2)
J’ai rangé tout le bordel me préparant au cas
Où tu partirais d’avec elle pour venir avec moi
Pour venir avec moi
Je me suis mise toute belle et j’ai souhaité tout bas
Qu’à la porte l’on m’appelle et que tu sois sur le pas
Que tu sois sur le pas
Et qu’à genoux les mains pleines d’un bouquet de lilas
Tu me dises que tu m’aimes ou quelque chose comme ça
Quelque chose comme ça
Dans mon corps
Dans mon corps de jeune fille
Dans mon corps de jeune fille
Il y a des changements (x2)
————————————————————————————–
Des changements, il n’y en a pas seulement dans un corps de jeune fille…
Dans celui d’une femme de cinquante ans, il y en a plein !
Et c’est très bien ainsi; on a l’expérience de la vie, pas autant d’énergie mais la capacité de l’économiser.
Alors, dans vos corps de jeunes hommes, ou de pépères à vélo, lorsque votre corps exprimera sa fatigue,chantez dans votre tête:
« Dans mon corps…
dans mon corps de pépère… »
Martine Lalande, Châtelaine de Monsabré
Le changement souhaité ou … imposé
Cette année, Sylvie a longuement hésité. À partir d’un événement très personnel, elle nous a proposé cette délicate réflexion.
Bonjour Yvan,
Comme chaque année, j’ai le plaisir d’écrire sur le thème donné: LE CHANGEMENT !
Depuis quelques semaines, je me demandais sous quel angle l’aborder: le changement positif que l’on provoque comme quand on décide de prendre sa retraite… Ou l’autre, ce changement qui survient sans crier gare et auquel on doit s’adapter, comme lorsque la démence s’installe et transforme petit à petit le corps de son père âgé, nous amenant à vivre un «deuil blanc» du père actif que l’on a toujours connu.
Et puis, je me suis dit que le changement le plus important à souligner en cette veille du Défi vélo de la Maison des greffés Lina Cyr est celui que toi, les membres de l’équipe du Pépère à vélo et tous les autres cyclistes vous apprêtez à relever. Tous les efforts que vous avez mis lors des entraînements, chacun des coups de pédale que vous donnerez, les 7 et 8 juillet prochains, pour gravir les côtes et affronter le vent n’ont qu’un seul but : que votre contribution, individuelle au départ, devienne collective pour changer les choses !
Quand la douleur au mollet vous fera grimacer, lorsque le coup de barre frappera quand vous vous y attendez le moins, rappelez-vous comment il est important de continuer à pédaler pour vous rendre à destination. Votre implication est remarquable parce qu’elle permettra de CHANGER la vie de centaines de greffés ! Bon défi vélo !
Amicalement,
Sylvie
Petits changements
France nous est revenue avec une trouvaille qui souligne qu’un changement n’implique pas nécessairement une transformation radicale.
J’ai acheté récemment un livre sur les 50 règles d’or de l’intelligence émotionnelle (Édition les minis Larousse).
Je le feuilletais hier en me disant qu’il y avait sûrement une règle reliée au changement.
Donc voici le texte relié à la règle 21 de mon livre:
Recherchez la nouveauté
Il est rassurant de voir que les choses ne changent pas, nous avons tous besoin de stabilité. Et pourtant en tombant dans le train-train quotidien on perd son enthousiasme.
Pour basculer vos habitudes et mettre du piment dans votre vie, nul n’est besoin de grands changements: changez la marque de votre café pour découvrir de nouvelles saveurs, testez un plat exotique, prenez un chemin différent pour aller à votre travail, explorez de nouveaux pays, levez vous tôt pour voir le soleil se lever.
N’hésitez pas à découvrir ce que vous ne connaissez pas : livres, films, spectacles, musique, bars, restaurants, loisirs…
Inscrivez-vous dans un club ou une association, tentez l’expérience du bénévolat!
Réveillez l’enfant créatif qui est en vous !
France
Je vieillis
Beaucoup de gens que je connais sont à un âge ou, justement, l’âge a de l’importance. Lucie nous fait part de sa réflexion.
Je vieillis. Malheureusement, ou peut-être heureusement, je ne peux enrayer ce processus enclenché, il y a près de 69 ans.
J’ai attendu impatiemment l’âge légal de la majorité, l’âge de la liberté. Puis, à vingt ans, j’ai pris conscience du temps qui s’écoulait et ne reviendrait plus. À chacune des décennies qui a suivi, j’ai ressenti un malaise, furtif mais fidèle au rendez-vous. À soixante ans, j’ai rejoint bien malgré moi ceux et celles que l’on appelle gentiment les aînés.
Je vieillis. La publicité me le rappelle sans cesse. Elle tente de me convaincre que ce qui constitue une bonne partie de mon identité n’est pas beau : les rides, les cernes sous les yeux, les paupières tombantes, la peau plus flasque, les cheveux gris. On doit faire disparaître ces empreintes du temps. Le bonheur ne réside que dans le refus de cette évolution. L’éternelle jeunesse est à ma porte. Pourquoi lui refuser l’entrée?
N’est-il pas plus agréable d’entendre : «Comme tu as l’air jeune!» que de voir passer dans le regard de l’autre la surprise, rapidement contenue, mais perceptible, devant les effets de l’âge? «Comme elle a vieilli!», dira-t-on, hors de ma présence.
Mais le jeu en vaut-il la chandelle? Je ne peux consacrer des heures si précieuses à détecter tous les indices de mes 68 ans, ni vivre dans l’angoisse de les découvrir et encore moins engloutir des sommes faramineuses en traitements de toutes sortes.
Signe du temps : dans le métro, des personnes assises m’offrent leur siège. La première fois, j’ai été interloquée; la seconde fois, un peu moins… Maintenant, j’en ai l’habitude. Ce sont souvent des jeunes, gars ou filles. Leur geste me touche et, même si je ne ressens pas la fatigue, j’accepte.
De petits bobos apparaissent. J’en tiens compte, mais je ne m’y attarde pas trop. L’une de mes plus grandes craintes pour moi-même et pour les miens : la démence sous toutes ses formes.
Les années s’accumulent, mais aussi les souvenirs : les grandes joies, les moments plus tristes, l’époque des études, la vie à deux, la venue des enfants, le monde du travail, et tous ces gens que j’ai connus, qui m’ont marquée émotivement et ont influencé ma vision du monde.
Au fil des ans, j’ai acquis un peu de sagesse, je suis plus tolérante tout en conservant un attachement profond à certaines valeurs. Je change et je demeure la même tout à la fois.
Pendant combien de temps encore pourrai-je affronter la vie en toute conscience, admirer la nature, aimer, partager? Je l’ignore et c’est mieux ainsi.
Lucie
Monsieur Bégin
Depuis que nous le connaissons, il est «Monsieur Bégin» . J’ai bien essayé de l’appeler Patrice, mais je n’y arrive pas vraiment… Chacun de nos garçons l’a eu comme enseignant de français au secondaire. Sa plume est vive, intelligente, émouvante, sarcastique, cinglante et drôle. Cette année, je lui ai proposé d’écrire pour nous sur le thème du changement. Et il a dit oui!
«Il ne faut pas changer, ou alors il faut que le changement soit devenu une habitude.» (François Mittérand)
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’être comédien. Je me voyais sur une scène. Vers 15-16 ans, je fermais les lumières de ma chambre, j’écoutais de la musique et je m’imaginais en train de faire un spectacle devant des salles combles (tant qu’à rêver, rêvons). J’entendais les gens m’applaudir.
À 17 ans, quand est venu le temps de poursuivre mes études, mes parents m’ont «convaincu» de penser à autre chose. J’ai alors affirmé, haut et fort (sans y croire vraiment), que je m’en irais en médecine sportive. Finalement, la réalité m’a rejoint et j’ai décidé que je deviendrais enseignant de français au collège de l’Assomption (là, je savais ce que je voulais).
Je crois que c’est la période de ma vie où les changements ont été les plus présents dans ma vie (à part lors de ma puberté).
J’aimerais ça vous dire que ma vie est une éternelle suite de changements. Que je vais là où le vent m’emporte. Il me semble que c’est ça qu’il faut dire. Je suis obligé d’avouer qu’en vieillissant, je suis de moins en moins à la recherche de changements. Je cherche davantage la stabilité. Par peur? Par confort? Je laisse ma psy répondre à cette question…
Je suis obligé de l’admettre: si on faisait un graphique du genre électrocardiogramme de ma vie, la ligne serait plutôt plate, sans pics spectaculaires.
Je suis avec la même femme depuis 1994. J’enseigne le français depuis 25 ans dont 18 ans dans la même école… Ça fait 10 ans que je passe mes vacances d’été en Virginie. Ça doit bien faire 18 ans que le 23 décembre, je descends les matelas dans le salon et que je regarde le film «Le sapin a des boules» avec mes enfants. Chaque fois que c’est ma fête et qu’on me demande ce que je veux comme dessert, je réponds: «des petits pots au chocolat». J’ai la même coupe de cheveux depuis que j’ai 27 ans (plutôt par dépit que par choix). Quand c’est la journée du gala d’excellence de mon école, je m’habille toujours de la même façon. Je ne fais plus de camping depuis 23 ans (les plus observateurs d’entre vous auront remarqué que ça correspond au moment où j’ai rencontré ma femme). J’ai eu des offres pour aller enseigner ailleurs. On m’a même offert de passer du côté obscur du monde de l’enseignement : celui de la Direction. Chaque fois, j’ai refusé.
Je suis presque gêné de constater tout ça. J’aurais aimé dire que je suis aventureux, bohème, nomade. Force est de constater que je suis tout le contraire.
Changer? Oui, mais pour quoi? Changer pour qui ?
À 33 ans, je me suis séparé de ma femme pour réaliser quelques mois plus tard que mon vrai bonheur, là où je me sentais vraiment «groundé», c’était chez moi , dans ma maison, avec ma femme et mes trois enfants.
Changer pour quoi? Pour qui?
Sans dire que ma vie est parfaite, sans heurts, sans embuches, je constate, à 48 ans, que mon bonheur est là, ici, maintenant. Je suis fier de la famille que j’ai bâtie. Je suis fier de ce que j’accomplis au niveau professionnel. Parfois, je suis fier du père que j’essaie d’être.
Yvon Deschamps parlait d’un Québec fort dans un Canada uni. Pour ma part, je parlerai de changements dans la continuité…
À suivre. Ou pas…
Patrice Bégin
Quels beaux cadeaux que ces textes! À chaque année, au moment de faire un effort physique important en soutien d’une cause bien plus importante, ces contributions, ces morceaux de vous, sont des stimulants légaux et Ô combien efficaces. Encore cette fois, vous me faites réaliser que la communication par l’écriture apporte des moments tellement forts.
Je vous aime.
Merci à vous tous et toutes pour ces parcelles toutes personnelles!
Vendredi et samedi prochain, les 7 et 8 juillet, vos pensées surgiront et agiront en fournissant l’énergie nécessaire dans les moments forts et les plus ardus du Défi vélo de la Maison des Greffés Lina Cyr, entre Montréal et Québec.
Bons vents (dans le dos!) à la fière équipe du Pépère à vélo: Yvan, Benoit L., Dominique, Daniel, Jessica, Geneviève et Benoit C. ainsi qu’à tous les cyclistes qui prendront part à cet événement!
On vous raconte ça ensuite…
Yvan et Marie