Donner
Depuis 5 ans que nous avons commencé ces marathons d’écriture en parallèle avec les Cyclo-défi Enbridge pour la recherche sur le cancer et le Défi vélo pour la Maison des greffés Lina Cyr, nous avons toujours consacré le dernier billet de blogue avant ces événements cyclistes à vos histoires.
À chaque fois, nous recevons et transmettons avec beaucoup de plaisir et d’émotions vos réflexions, clins d’œil et encouragements.
Comme vous le verrez dans les prochaines lignes, la notion de don peut être décrite et chantée de bien des façons. Merci à Sylvie Gagnon, Johanne Tremblay, Julie Lalande, Lucie Paquette et Martine Lalande pour ce fantastique portrait.
Merci de nous avoir généreusement « donné » vos mots!
Yvan et Marie
P.S.: La semaine prochaine, dernier billet suite à la fin de semaine du cyclo défi de cette année. La publication se fera peut-être dimanche… ou lundi!
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J’ai travaillé avec Sylvie lors de mon mandat de directeur du centre Info entrepreneurs, de 1994 à 2001. Elle a participé à l’écriture de ce billet depuis le début mais cette année, elle nous a envoyé son texte AVANT même que l’on ne fasse notre appel à tous!
Relais
J’ai été témoin d’un grand moment d’émotion, il y a de cela 2 ans, au moment où Jean-Pierre et moi arrivions chez un couple de nos amis qui nous avait invités à souper.
Au moment de notre arrivée, le regard de notre ami Mario* était brillant, d’une lueur très particulière. Très fébrile, les émotions à fleur de peau. Lui, toujours très rationnel, avait des trémolos dans la voix.
Encore sous le choc de l’émotion, il nous mentionne, brandissant une feuille, qu’il vient tout juste de recevoir une lettre anonyme, transmise par Transplant Québec.
La personne signataire de cette lettre était une greffée d’un cœur reçu suite à un don d’organe qui s’adressait à la famille du donateur pour lui exprimer sa gratitude. Le frère de Mario, décédé quelques mois avant, avait consenti au don de ses organes et son cœur avait pu être transplanté avec succès chez cette personne.
À ce moment très précis, notre ami, habituellement très retenu, débordait de joie et surtout de fierté : fierté de savoir que le cœur de son frère continuait de battre dans cette personne. Son frère qui n’avait pas eu une vie facile mais qui avait «grand cœur»; aux dires de Mario qui nous en parlait toujours avec une très grande affection.
Ce fut un moment très touchant pour moi : où l’expression «don d’organe» a pris plus que tout son sens; où il a pris VIE !
Voilà Yvan, un petit mot d’encouragement pour te remercier de relever le défi vélo pour la maison des greffés Lina Cyr cette année.
Amicalement,
Sylvie
* prénom fictif
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Nous avons dédié l’un de nos billets de blogue de cette année à ce projet extraordinaire de Johanne Tremblay: la publication en format numérique de son premier recueil de nouvelles Un mercredi comme les autres – histoires et excès de table. Peut-être qu’un jour, je pourrai me vanter d’avoir un billet d’une écrivaine célèbre dans le blogue du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse. Johanne, c’est bien plus qu’une écrivaine, c’est une amie. Sa plume est tantôt acérée, tantôt tendre. Ses coups de gueule sont percutants et les lire provoquent à coup sûr sourires et éclats de rire. Elle nous a fait don de son propre billet de blogue cette semaine. http://johannetremblayetmoi.com/
Petites et grandes natures
Je suis une petite nature. Le camping m’attire moins qu’un traitement de canal, les toilettes sèches m’écœurent, et chaque fois que je pose le pied dans une embarcation – même un kayak –, je pense au funeste destin du Titanic. Je n’ai fait qu’une randonnée de longue durée dans ma vie, et après trois heures de marche chargée comme une mule, je regrettais déjà mon canapé, mon frigo et mon robinet d’eau chaude. Le seul bon souvenir que j’ai gardé de cette aventure dans le parc du Fjord-du-Saguenay est l’allégresse de retrouver la voiture dans le stationnement au terme du troisième jour.
Si je ne comprends pas ce qui anime les amateurs de grandes traversées à la nage, d’escalades casse-cou sur des pics enneigés ou de randonnées de survie en solitaire, j’ai un immense respect mêlé de fascination pour les intrépides qui s’enrôlent dans des épreuves sportives au profit d’une bonne cause. J’en connais un depuis quelques mois. Assis au resto devant une table d’hôte, Yvan a l’air du gars moyen de 50 ans qui fait un travail honnête, qui a fondé et réussi une famille et qui aime passer une bonne soirée entre amis. Sauf qu’Yvan enfile les kilomètres à vélo et s’entraîne chaque année pour un défi cycliste. Quand sa blonde Marie consent à pédaler avec lui – en fait, elle pédale derrière lui pendant qu’Yvan grimpe et dévale la côte comme un chien fou, avec l’air de dire : « C’est l’fun hein? » –, l’exercice prend une autre couleur et Marie devient la cause chérie d’Yvan.
Les 10 et 11 juillet prochains, Yvan parcourra 271 km, de Longueuil à Lévis, au profit de la Maison des greffés Lina Cyr. Ils seront 150 à pédaler en peloton, flanqués de quelques voitures de police qui leur éviteront de finir dans le décor après le passage d’un camion. Juste de penser à une telle galère, j’ai mal aux bras, aux mollets, aux fesses, partout. Juste d’y penser, j’imagine la chaîne du vélo qui débarque, le vélo d’à côté qui frôle trop souvent le mien (tasse-toi donc), le vent de face. Juste d’y penser, je suis de mauvaise humeur. Mais Yvan et ses 149 compagnes et compagnons de la fin de semaine, eux, vivront de grands moments de camaraderie, de fatigue, d’espoir et de découragement. À mi-parcours, après 129 km de route, leurs Marie et leurs Marins venus les attendre leur feront la fête, et ils se sentiront beaux et belles et fortes et bons. Le lendemain, ils remettront ça pour 142 km, jusqu’à Lévis.
J’en serais incapable.
Le don en général et le don de soi en particulier, sont de mystérieuses et belles choses. Le don qu’on reçoit parle d’abandon – de son orgueil mal placé, de ses a priori – et de gratitude; celui qu’on fait parle de générosité et d’une certaine idée que l’on se fait du monde. Il faut aussi savoir s’abandonner pour s’entraîner plusieurs semaines et relever une épreuve d’endurance.
Mon épreuve d’endurance à moi, c’est l’écriture. Comme l’écrit Steven Pressfield dans The War of Art, le plus grand défi du créateur est de vaincre la résistance, la grande ennemie, la sournoise qui donne à une brassée de blanc plus d’attrait qu’à ce clavier posé sur mes genoux. La guerre qu’évoque Pressfield est celle qu’il faut faire à la résistance pour parvenir à créer. J’ai mis presque deux ans à écrire les histoires d’Un mercredi comme les autres, dont la diffusion commence aujourd’hui par envois électroniques hebdomadaires à 225 abonnés, des Marie et des Marins qui, chaque mercredi matin, recevront une histoire. J’ai envoyé la première aujourd’hui (mercredi 1er juillet), et je me sens comme à Lévis, au 271e kilomètre.
Je souhaite à Yvan un ciel bleu et un vent de dos. S’il est vrai que le voyage est aussi intéressant que la destination, le fil d’arrivée comporte quand même de grandes récompenses.
Bonne route!
Johanne
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Julie, l’une des sœurs de Marie, n’est pas à court, elle-même, d’exploits personnels. Parcourir en entier l’un des chemins de Compostelle n’est sûrement pas banal. Pour notre grand bonheur, Julie a amené dans sa vie de tous les jours une belle habitude débutée à Compostelle: décrire des petits moments de vie avec son point de vue coquin. Voici le plus récent de ces billets. Écrire s’est avéré utile pour ma soeur cadette. Que ce soit pour combler la distance, pour nous faire découvrir des paysages ou pour partager une réflexion, le geste d’écrire est devenu un lien, dont on ne se passe plus!
Chronique #7 : « Enwoye-don » mon beau frère!
Depuis plusieurs années, mon beau-frère Yvan s’implique dans un événement vélo pour amasser des dons pour différents organismes et causes. Cette année il fera Montréal – Québec (en fait Longueuil – Lévis je crois, par la rive-sud) les 10 et 11 juillet prochains. En plus de s’entraîner plusieurs semaines avant l’événement en question, Yvan (et Marie, sa blonde et ma sœur) font un marathon d’écriture, ce qui veut dire que chaque dimanche, on reçoit un courriel avec un lien vers leur blogue où ils ont écrit à deux un texte portant sur un thème différent à chaque semaine (plaisir de l’entraînement, trac avant l’événement, bénévolat, vie familiale…).
Quand on entreprend ce genre d’aventure, on a parfois besoin de motivation supplémentaire. Pendant les plus de 250 KM sur deux jours, il arrive qu’une longue montée, un vent plus fort que prévu, une chaleur accablante ou une pluie un peu plus que rafraîchissante nous décourage un brin… Dans ces moments, on a besoin d’un « remontant ». Certains prendront une liqueur énergisante, un jujube ou un gel. Une des façons d’Yvan dans ces moments est de se passer en mémoire les textes que certaines personnes lui ont écrits. Quelques semaines avant le premier coup de pédale officiel de cette aventure, Yvan demande à ses lecteurs (ceux qui veulent) de lui écrire un mot sur un thème donné, qu’il publiera sur son blogue le dernier dimanche. Cette année, le thème est le mot « don ». Comme dans don de soi, don d’une chose ou un peu plus genre jeu de mot (sachez que : jeu de mot = Yvan Deslauriers…), comme pardon, abandon… Une phrase, une histoire, une photo, une chanson… il prend tout et dans les moments plus difficiles des kilomètres à faire, il se passera ces mots dans sa tête pour se donner du courage, se rappeler que plein de personnes sont derrière lui dans cette aventure et que chacun met un peu de son énergie dans chacun de ses coups de pédales!
Alors, l’idée qui m’est venue est une expression employée par certains joueurs de balle molle pour s’encourager (et qui contient le son « don ») : « Envoie donc, Envoie donc » à prononcer plutôt comme « Woye-don, Woye-don! »! Plaisir coupable avoué ici : j’aime bien une ou deux fois par été, aller voir une partie de balle-molle dans un parc le soir. Je ne suis pas particulièrement fan de ce sport ni non plus très intéressée en général à regarder un match de quelque sport à la télé ou en vrai (sauf peut-être le tennis) mais je trouve ça « zen » de regarder des monsieurs jouer à la balle-molle! Mon cerveau se met au neutre, je relaxe, regarde le jeu (essaie de comprendre les règles) et j’écoute les joueurs se parler et s’encourager. Deux caractéristiques de ces échanges entre joueurs m’amusent : ils s’appellent souvent « Gros », genre « Hey Gros, c’t’à toi à jouer », et pour encourager le frappeur de leur équipe, ils lui crient « Woye-don, Woye-don! »! C’est instantané, ça me fait rire et sourire! Me semble que c’est efficace comme encouragement non? « Woye-don, Woye-don! »! Imaginez « Woye-don, Woye-don, Gros! »!
Alors Yvan, quand tu seras au pied d’une longue montée ou que le vent deviendra de face ou que la fatigue rendra tes coups de pédales plus ardus, rappelle-toi que chaque coup de pédale fait n’est plus à faire et imagine-moi dans ta tête t’encourager en te criant « Woye-don, Woye-don, Gros… oups Yvan! »! 😉
Buen Camino!
Julie
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J’ai eu le bonheur de travailler avec Lucie à Service Canada entre 2005 et 2012. Si elle a toujours suivi et financé mes aventures à vélo, c’est la première fois qu’elle propose un texte. J’ai été très touché par ce geste.
Bonjour Yvan,
Je t’envoie, ainsi qu’à ta blonde maîtresse, un court texte inspiré par le thème proposé: le don.
La semaine qui vient sera pour toi captivante mais aussi harassante. Je te souhaite un parcours à la hauteur de tes attentes, vu tous les efforts de préparation déployés, et deux magnifiques journées à tous les points de vue.
Hip! Hip! Hourra!
Lucie (Paquette)
Donner et recevoir
Je ne peux imaginer la vie sans donner mais je ne peux non plus l’imaginer sans recevoir. Ma naissance constitue le premier don de mes parents. Quand je m’éveille, le matin, la nature m’offre son air vivifiant, sa lumière, parfois ses nuages annonciateurs de pluie, le chant des oiseaux ou encore les grondements de l’orage, le parfum des fleurs, l’odeur de la terre humide. Un tel environnement m’incite à aborder les prochaines heures avec une bonne dose d’optimisme.
Chaque jour apporte ses mille et une occasions de donner et de recevoir. Vous et moi offrons notre temps et déployons nos efforts en fonction de notre personnalité, de nos intérêts, de nos habiletés. Travail bénévole ou travail rémunéré, travail d’artiste, d’éboueur, d’ouvrier, de gestionnaire ou de président d’un pays, quand il est accompli avec enthousiasme et professionnalisme, il représente un don de soi et une réponse à des besoins.
Et il y a tous ces petits gestes que nous posons spontanément qui égaient notre quotidien et celui des autres : offrir sa place dans le métro, saluer ses collègues, s’informer de l’état de santé de sa voisine, partager sa table à l’heure du lunch. Au même moment, des actions de plus grande envergure, impliquant des centaines voire des milliers de participantes et de participants, se développent un peu partout, appuyant de multiples causes dont l’objectif ultime est de redonner espoir.
Donner et recevoir sont des réalités intimement liées. Nous sommes à la fois source de joie et tributaires du dévouement des autres pour notre plus grand bonheur.
Lucie
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Depuis cinq ans, Martine, l’autre soeur de Marie, a plusieurs fois participé à la rédaction de billets dans ce blogue. C’est elle aussi qui a dessiné le logo du maillot de l’Équipe du Pépère à vélo. Cette fois-ci, elle a trouvé une autre façon de nous étonner. Nous étonner, tu dis?! Nous faire sourire en tous cas! Sans cesse…
En anglais on dit earworm ou musical itch (démangeaison musicale). Traductions proposées: chanson-velcro (Québec) ou air obsédant.
En chantant…
Yvan,
Pour ton défi la semaine prochaine, j’ai cherché des airs qui encouragent, parlent de donner ou du pouvoir fantastique de la vie… J’en ai trouvé trois, que j’espère, tu apprécieras pour ce qu’ils ont d’unique et de porteur.
Tu les trouveras tous 3 sur Youtube:
Bonne route, bon courage et bon défi !
Martine Lalande