LE TEMPS DE DONNER
LA PAROLE AUX AUTRES
C’est une tradition: le billet de la semaine qui précède le Défi-vélo, nous donnons la parole à ceux et celles d’entre vous qui ont accepté de relever le défi d’écriture, et nous publions leur texte.
Cette année, le thème, le fil conducteur et l’inspiration de notre marathon d’écriture: LE TEMPS.
Depuis janvier, nous vous avons parlé du temps, qui est, qui a été et qui sera. Celui qui passe, qu’on trouve, qu’on cherche, qu’on perd, qu’on tue, qui se trouble et dont la couleur change.
Voici donc quatre textes inspirés, bien personnels, tantôt humoristique ou incitant à la réflexion.
Merci à Martine Lalande, Françoise Provost, Sylvie Gagnon et Lucie Paquette!
Bonne lecture!
Yvan et Marie
LE TEMPS QU’ON PREND
par Martine Lalande, ma sœur,
que nous avons renommée Châtelaine de Monsabré
Il y a quelques semaines, dans leur blogue, Yvan et Marie ont parlé d’une réussite dans une de leurs sphères de bénévolat:
« Probablement notre plus belle réussite: un taux d’absentéisme définitivement à la baisse. À chaque semaine, les jeunes et nous avions hâte de nous revoir. Sans doute parce nous avons accordé davantage d’importance au lien à créer avec ces jeunes qu’aux tâches scolaires elles-mêmes. »
Et ce constat de Marie m’a ramenée tout droit vers une approche que l’on favorise auprès des personnes souffrant d’Alzheimer: l’approche optimale.
Dans cette approche, on mise sur la relation qu’on développe auprès de la personne et non sur la tâche qu’on a à accomplir, le soin qu’on doit donner.
Dans la description de cette approche, l’organisme dirigé par Daniel Geneau, neuro-psychologue, on décrit les préceptes comme suit:
« L’organisation des soins teintée de la préoccupation du geste efficace et sécuritaire, centré sur la tâche, a contribué à dérober à la personne une part de son humanité. L’approche optimale, c’est d’abord des valeurs et une philosophie dans lesquelles le résident ne sera plus considéré comme objet de soin, mais plutôt en tant que sujet d’une rencontre au cours de laquelle des soins lui sont offerts. Dans cette philosophie, il ne peut y avoir de soins sans d’abord qu’une relation ne se soit établie entre le soignant et le soigné. L’acte de soin prend alors une toute autre dimension et ne vise plus simplement à répondre au besoin d’hygiène mais surtout à procurer au résident un bien-être physique et mental dans le respect de son humanité. »
Alors parfois, le temps nous joue des tours… on croit qu’il faut faire vite, qu’il faut terminer cette tâche inscrite dans le plan de travail. On court, on bouscule, on agit, on fonctionne…
Le temps qu’il faut pour faire une tâche est bien différent que le temps qu’il faut pour que cette tâche soit réalisée en prenant un sens humain, en respectant la personne pour qui on fait ce soin. La différence est surtout dans la qualité du temps que dans la quantité.
Privilégier la relation, ça prend du temps mais ça mène bien plus loin, ça amène la personne bien plus loin dans son estime d’elle-même.
Et ça amène le soignant bien plus loin aussi dans sa valeur humaine.
Prendre le temps pour se donner du temps de qualité.
Et à combien d’autres situations peut-on appliquer ce concept ?
LE TEMPS DES ENCOURAGEMENTS
par Françoise Provost, la conjointe de Dominique Ruscio, membre de l’équipe
Bon, voilà! La fin de semaine tant attendue arrive dans quelques jours. Après avoir passé quelques mercredis soirs, dimanches et samedis sur votre vélo, vous devriez être prêts à relever le défi.
Je sais que vous aimez mes conseils de coach, alors voici mes derniers:
- Yvan, tu as le droit de mettre des petites roues à ton vélo, à ton âge, une chute peut être dangereuse!
- Benoit, le Voltarin, ça n’est pas de la crème solaire… Je te conseille de prendre de la crème solaire avec un indice UV de 100! Oui, ca existe!
- Daniel, je te demande d’enlever une roue à ton vélo, ça va te ralentir et les autres ne seront plus envieux de ta vitesse!
- Jessica, je te suggère de suivre ton père, au cas où!
- Dominique, je te demande de porter une burka. Cela va te protéger des allergies, car tu vas respirer à travers un grillage, auquel tu pourrais ajouter un filtre pour assainir l’air. Du même coup, aucune cycliste ne va pouvoir admirer ton joli minois et ton sourire ravageur!
Go! Go! Go! Un pied après l’autre, gauche, droite, gauche, droite…!
LE TEMPS AVEC UN GRAND «T»
par Sylvie Gagnon, membre du club des Ex d’Info entrepreneurs et participante à cette chronique depuis la première année
Le temps s’immisce dans nos vies. Omniprésent. Intemporel. Tout comme l’est l’Amour. Indissociables. Au passé, avec l’amour perdu; au présent, avec l’être aimé et, au futur, avec une peur de perdre (ou la perte) de l’être aimé.
Les deux se déclinent sous toutes les formes : théâtre, poésie, et aussi la chanson. Parmi les plus belles chansons d’amour il y en a une qui me touche particulièrement. Elle fait référence à la pensée de la perte éventuelle de l’être aimé :
S’il fallait qu’un jour
«S’il fallait qu’un jour, la vie t’arrache à moi,
Qui consolerait mes peines,
Où trouverais-je la joie,
Moi qui n’aime que toi,»
Paroles et musique : Marjolaine Morin (Marjo) (plusieurs vidéos disponibles (https://www.youtube.com/watch?v=01wVe5UBqLA)
Et mes pensées se bousculent. S’il fallait que la vie m’arrache à l’être aimé. Est-ce que son amour pour moi survivrait au fil du temps ? Difficile de ressentir un sentiment qui nous est inconnu et qui nous fait peur. J’ai besoin d’être rassurée.
Et voilà que la vie, m’a apporté une belle expérience riche en réflexion. La voici :
J’aimerais vous parler de Guizmo. Un petit yorkshire-terrier de 4 ans. Guizmo est entré dans ma vie il y a deux ans. C’est le chien d’une amie. La première fois que je l’ai vu, je suis restée sans voix. Il est le sosie de ma petite Ashley, décédée à l’âge de 15 ans, il y a maintenant 5 ans presque jour pour jour.

Au début, j’étais bouleversée par la ressemblance. J’hésitais même à le prendre dans mes bras, tellement la douleur de la perte de ma petite Ashley était encore vive. L’occasion est venue où mon amie, connaissant mon histoire, m’a demandé de le garder. Ce fut un week-end très émotif pour Jean-Pierre, mon conjoint, et moi. On avait l’impression qu’Ashley était de nouveau avec nous. J’étais toutefois très consciente du danger de transfert entre Ashley et Guizmo.
Avec le recul nécessaire, et pour l’avoir gardé à plusieurs reprises depuis, la distinction entre les deux est maintenant très claire. Guizmo est un petit chien très attachant dont je prends soin avec grand plaisir. Toutefois, dans mon cœur, Ashley occupe et occupera toujours une place très spéciale. Il n’y a pas une journée qui passe sans que je ne pense à elle.
De cette expérience, j’ai compris que le temps ne peut altérer l’amour que l’on porte aux êtres chers, même celui de nos amis canins et félins qui ont fidèlement fait partie de nos vies.
Et s’il fallait qu’un jour, la vie m’arrache à celle de l’être que j’aime, je suis assurée que le temps ferait en sorte qu’il ne m’oublie pas et il en serait de même pour moi.
S’il fallait qu’un jour, la vie t’arrache à moi,
Ton souvenir consolerait mes peines,
Je retrouverais alors la joie,
S’il fallait qu’un jour, …..
L’amour fait mal quand on nous arrache l’être aimé, mais le Temps vient le crystalliser tout au fond de notre cœur, pour toujours.
Tout comme il y a l’Amour avec un grand A, il y a le Temps avec un grand T !
Pour toi Yvan, pour ton implication aux causes pour vaincre le cancer. Merci !
Une douce pensée, pour ma belle-mère, décédée en 2007, atteinte du cancer du myélome multiple, et qui demeure dans nos cœurs malgré le temps qui passe depuis son départ.
LE TEMPS
par Lucie Paquette, si on avait inventé les Ex de Service Canada, elle en ferait partie. Elle suit nos chroniques depuis le tout début.
Qu’évoque pour moi cette réalité dont on parle tant et qui semble parfois si rare?
Le temps qui passe: succession d’heures, de jours, d’années au cours desquels s’écoule la vie. Ce temps est empreint d’une certaine nostalgie puisqu’il ne reviendra jamais.
Le temps d’aimer: c’est un des plus beaux temps et il peut durer toute la vie. Il y a tant de personnes et de choses à aimer en commençant par soi-même. L’amour des siens mais aussi l’amour des autres et de la nature nous font grandir et rendent tellement heureux.
Le temps de l’angoisse: l’inquiétude, le remords, la culpabilité, la peur de l’inconnu déclenchent un profond malaise qui s’estompe peu à peu si l’on est accompagné adéquatement.
Le temps de l’attente: ce temps est parfois porteur d’espoir, parfois source d’angoisse. Il ébranle néanmoins nos certitudes puisqu’on ignore ce que l’avenir nous réserve.
Le temps de rire et le temps de pleurer: j’aimerais que les occasions de rire soient plus nombreuses parce que le rire est libérateur et sert de baume dans certaines circonstances. Il n’exige pas d’efforts. Il suffit d’être réceptif. Malgré tout, pleurer demeure essentiel dans les moments difficiles. À l’époque où j’ai grandi, les garçons apprenaient à ne pas pleurer. Je n’ai jamais vu mon père verser une larme, même dans des situations tragiques, ce qui m’a laissé une impression d’insensibilité.
Le temps de vivre (ou le temps de vieillir): au début de ma retraite, je n’ai profité qu’en partie du temps dont je disposais. Habituée, depuis des décennies, à un horaire chargé, j’avais l’impression de ne pas occuper mes journées efficacement. Ce malaise s’est dissipé au fil des mois.
Quoiqu’on fasse, le temps poursuit son cours. Il me presse donc de vivre à un autre rythme pour apprécier davantage ce que la vie m’offre et le partager avec le plus de gens possible.
Ferré nous rappelle qu’«Avec le temps, tout s’en va». Je n’y échapperai pas mais je n’en suis pas encore là…