Nouveau début
Moi: « On va toujours commencer à pédaler par la gauche et descendre par la droite ».
« Prêt? 1, 2, 3, go! » Et on commence à pédaler.
Je suis un peu nerveux, à vélo, en tandem. Mon instructeur me dit même de serrer le guidon un peu moins fort.
Il y a quelques semaines, à la radio de Canal M, où je suis chroniqueur, activités physiques, j’annonce que l’Association des sports pour aveugles du Montréal métropolitain (ASAMM) est à la recherche de bénévoles pour être guides lors de sorties en vélo tandem pour des personnes malvoyantes ou non-voyantes. Les parcours, de 30 à 50 km, offrent l’occasion de visiter Montréal et ses alentours. Inutile d’avoir déjà pratiqué le tandem pour devenir un bon guide. Le mot d’ordre, c’est: avoir du fun (sic). Qualités recherchées: aimer le sport et les activités en plein air et avoir le goût de s’impliquer.
Pas moyen de me défiler, j’ai toutes les qualités recherchées. J’ai donc soumis ma candidature… et elle a été acceptée.
Vendredi après-midi, j’étais en formation. En arrière d’abord, tout seul ensuite (en avant évidemment!) pour finir avec mon formateur en arrière. C’était comme réapprendre à rouler. Mon formateur était voyant. Tout ce que je faisais de bien ou de moins bien, il le voyait et commentait. Après un début hésitant, ça s’est bien passé. J’étais très concentré sur les manœuvres et les directives, trop prudent dans les virages, petite difficulté avec les arrêts. Il faut les annoncer exactement au moment où le vélo arrête. J’avais tendance à les annoncer avant d’arrêter. Mon futur coéquipier, qui ne verra pas, pourrait alors avoir l’intention de mettre pied à terre trop tôt. Une chute dans ce cas, c’est en fait deux chutes!
Il y avait un odomètre sur ce tandem, je ne l’ai jamais regardé. Depuis 10 ans, je suis préoccupé par vitesse et distance, ici, ces choses ont peu d’importance. Il s’agit de permettre à une personne qui ne pourrait le faire autrement de pratiquer le vélo avec plaisir et sécurité.
J’ai réussi la formation. Je deviendrai, dans quelques jours, un vrai guide lors d’une vraie sortie avec un co-cycliste malvoyant ou non-voyant. Pour cette sortie, j’aimerais ajuster mon dossard : « guide-en-formation ».
J’espère que très bientôt, je saurai raconter ce que je vois, comme dans le cas de ce bel endroit de Montréal où les arbres se penchent les uns vers les autres pour se donner la main au-dessus de la rue. J’espère aussi que très bientôt je saurai être attentif à mon compagnon de vélo-tandem pour apprendre à mieux sentir et mieux écouter.

1, 2, 3, go!
Yvan
Woaw ! Toute une expérience bien plus humaine que sportive…
Bien que être humain est parfois un sport!