Des nouvelles du pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 3 avril 2016

Temps gris, très très gris

Mardi dernier, nous revenions de Wells. Après-midi d’alternances: soleil et nuages, chaud et froid, une journée de printemps qui ne sait pas de quel côté virer.  Passés le poste de douane, nous syntonisons la Première chaîne de Radio-Canada.  Réflexe: quand nous revenons au Québec, parfois même avant la frontière, nous revenons à Radio-Canada. Comme si nous avions perdu le fil, après seulement quelques jours dans le Maine, tout de même pas si loin. Comme si Internet ne nous avait pas permis de rester connectés. Comme si cela faisait partie de ce que l’on récupère, comme si cela nous appartenait un peu personnellement.

Étrange sentiment d’appartenance.

Nous apprenons d’abord qu’un avion s’est écrasé aux Îles-de-la-Madeleine. Puis tombe une autre nouvelle, celle du décès de Jean Bissonnette, homme important de la télévision québécoise, connu notamment  pour avoir réalisé « Moi et l’autre » et certains Bye Bye, dont celui de 1970 avec Olivier Guimond.

La nouvelle de l’écrasement d’avion est rappelée quelques fois sur les ondes. Ce qui se passe aux Îles nous touche.  Avec les années, c’est devenu une petite terre d’adoption, un endroit où nous nous sentons un peu comme chez nous (comme Wells d’ailleurs). Encore une fois, comme si ça nous appartenait. À quelques reprises, nous avons habité des maisons situées près de l’aéroport des Îles et nous avons eu le plaisir d’aller y chercher ou y reconduire des gens qui nous sont chers.  On peut visualiser où a eu lieu l’écrasement et imaginer l’organisation des secours.

On poursuit notre chemin, accompagnés par les voix familières d’Annie Desrochers, Ève Christian et Yves Desautels.  Au beau milieu d’un segment, l’animatrice interrompt le chroniqueur et annonce la terrible nouvelle: le nom des victimes de la famille Lapierre et les circonstances de ce voyage.  Coup de poing au ventre. Je me concentre particulièrement sur ma conduite automobile, tout en écoutant les détails funestes de l’événement.  Un autre moment où je pourrai dire ce que je faisais quand la nouvelle est tombée.

Le lendemain, c’est le décès de Bernard Lamarre.  Bernard Lamarre, c’est le pont-tunnel Hyppolyte-Lafontaine, le stade Olympique, la Baie-James, la firme Lavallin. 

Jeudi, Les Rôtisseries St-Hubert sont vendues à une firme de l’Ontario.  Le ciel n’en peut plus, il pleut intensément pendant plusieurs heures.  Grand chagrin de perdre tous ces gens et cette entreprise qui ont marqué mon époque et mon coin de pays.

« Perdre »… Étrange sentiment, dans les circonstances: un peu comme si cela aussi nous appartenait en propre. J’ai décidé de ne pas tenter de trop raisonner ce sentiment de prétendue promiscuité qui m’habite aussi cette semaine. Seule justice ici-bas, la mort surprend, malgré tout et paradoxalement. Elle touche le « nous » en nous.

Dans de telles circonstances, on réagit tous un peu différemment.  Patrick Lagacé, de La Presse, « shoote » des balles à son fils gardien de but. Pour ma part, je marche entre Vues et Voix et le Complexe Guy-Favreau, avec mon faible parapluie comme rempart contre les intempéries. Je penche un peu la tête vers l’avant en essayant d’avancer vers le moment où le ciel s’éclaircira à nouveau.

Mon rempart à moi, sont souvent les mots et la musique. Je vous propose donc cette chanson, que Georges Moustaki a fait connaitre, Les eaux de mars.

Parce que mars n’est pas que le mois des morts…

Yvan et Marie    

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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