Donner des concerts
Avez-vous déjà eu à donner une performance devant une grande foule, seul(e) ou en groupe, dans un sous-sol d’église, un auditorium d’école ou dans une vraie salle de spectacle? Vous vous souvenez peut-être de la panique des dernières répétitions, du doute de pouvoir offrir la performance attendue, de la magie des premières minutes et des premiers applaudissements. Mercredi soir, les jeunes du Garage à musique, en guise de spectacle de fin d’année, se sont joints aux étudiants musiciens du Collège Durocher Saint-Lambert et à quelques artistes connus (ou non, ça dépend de qui!) pour offrir le premier concert-bénéfice de cette organisation.
Imaginez maintenant que depuis quelques mois ou quelques courtes années, vous appreniez à maîtriser le violon, le trombone, la guitare ou la batterie. Vous êtes sur la scène du théâtre Denise-Pelletier, lieu culturel majeur d’Hochelaga-Maisonneuve où vous n’êtes peut-être jamais entrés. Dans la salle, votre père, votre mère, le Dr. Julien et plusieurs centaines de personnes endimanchées occupent tous les fauteuils. Dans quelques instants, le chef d’orchestre donnera le signal pour lancer la pièce d’ouverture, la musique du film Frozen. Si tout se passe comme lors de la répétition, Christian Bégin, Le Christian Bégin de la télévision, souhaitera la bienvenue au public (l’utilisation de l’italique correspond au sentiment que vous ressentez d’être DEVANT ce public, sans doute pour la première fois!). Pendant le spectacle, vous serez tout près, vous écouterez ou vous accompagnerez les performances de Catherine Major, Nadja, Marc Hervieux et Michel Rivard, tous des gens si gentils que vous n’aviez vu qu’à la télévision.

Les jeunes du Garage à musique du Dr. Julien en répétition (photo des Nouvelles d’Hochelaga-Maisonneuve)
Ce soir-là, j’accompagne Pierrette, la mère de Marie, invitée à assister à ce spectacle, en guise de remerciement pour avoir réalisé un projet tricot de mitaines, tuques et foulards, avec les membres de l’édifice où elle demeure, pont intéressant entre les générations. C’est avec beaucoup d’émotions que nous avons applaudi plusieurs fois cette performance remarquable.
De retour dans leur petit lit, chacun de ces enfants cherchera longtemps le sommeil. Ils ne le savent pas mais ils ne sont plus les mêmes. Ils viennent de réussir quelque chose que bien des personnes n’ont jamais fait. À cause de ça, peut-être leur prochain devoir de français ou leur prochain problème de mathématiques sera-t-il moins effrayant?
Ce mercredi soir, j’ai vu comment le Dr. Julien et les gens qui travaillent avec lui inoculent aux enfants des doses d’espoir.
Ce mercredi-là, j’étais, avec l’Ensemble vocal Katimavik, en répétition avec orchestre et solistes à la salle E du troisième sous-sol de la Place des Arts. Troisième répétition avec orchestre au même endroit dans la même semaine d’ailleurs. Au moment où j’écris (samedi 14h30), nous avons eu ce matin notre générale à la salle Claude-Champagne de l’Université de Montréal. Tous ces lieux culturels majeurs sont prestigieux. J’ai déjà chanté en concert, mais je suis à chaque fois impressionnée par les endroits conçus pour les musiciens.
À quelques reprises pendant cette semaine chargée, on m’a dit: « T’es pas tannée? C’est super exigeant comme rythme de répétitions… » Sans doute!
Mais la magie opère: huit mois de répétitions hebdomadaires et rigoureuses, deux fins de semaines intensives de camps musicaux et quelques dimanches plus tard, nous y sommes presque. Dans quelques heures, nous chanterons avec tout notre cœur, les nuances et l’émotion dont nous sommes capables les Requiem de Salieri et celui de Mozart, les yeux rivés sur le chef.Portés par sa compétence, celle des 50 musiciens d’Apassionata et des quatre solistes, les 90 choristes de l’Ensemble vocal espèrent.
Cet après-midi, entre la générale et le concert, l’écriture de ce billet contribue à apaiser les papillons qui s’agitent à l’intérieur.
Dompter ses papillons: une expérience incomparable; un apprentissage que tous les enfants devraient avoir la chance de faire. Parce que lorsqu’ils s’envolent, les papillons, c’est beau!
Yvan et Marie

