Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 17 mai 2015

Donner un coup de roue vers Ottawa

Pour moi, la région de l’Outaouais regorge de beaux souvenirs.  Y retourner pour aller voir les tulipes et surtout, visiter mon amie Francine et ma filleule Andréanne constitue une virée qui ne peut qu’être joyeuse.  Accessoirement, Marie suggère aussi d’aller voir l’exposition des œuvres d’Alex Colville au magnifique Musée des beaux-arts du Canada.  La vie heureuse en couple nécessite parfois quelques compromis.  Celui-ci n’est quand même pas si pénible. J’ai insisté: la visite d’une exposition dans un musée, c’est de la beauté pour les yeux, l’esprit et l’âme. Ça aussi, c’est joyeux! J’ai insisté, donc.

Il fut un temps où la route entre Montréal et Ottawa avait peu de secret pour moi.  Aujourd’hui, reprendre ce chemin nécessite encore le délicieux petit détour à Alfred.  Ceux et celles qui ne connaissent pas ce village méconnaissent probablement la Capitale de la patate frite (c’est moi qui lui accorde ce titre!).  Bien loin devant les « Nouveau Canada », La Belle Province ou autres Lafleur, il y a le Miss Alfred, avec ses casseaux de frites en bois à l’entrée.  À une quinzaine de kilomètres après être entrés en Ontario par la 417, vous prenez la sortie vers la 17 (sortie pour Hawkesburry, qu’on a manquée parce que c’est moi qui conduisait et que cette route a davantage de secrets pour moi! On a roulé jusqu’à la prochaine sortie et fait demi-tour. C’est dire que ça valait le détour!).  Une vingtaine de kilomètres plus loin, vous êtes au summum du snack à patates frites.  Ça vaut vraiment le détour, d’autant plus que la route 17 jusqu’à Ottawa offre aussi de jolis points de vue sur la rivière des Outaouais.

Bref contexte historique, avant d’entreprendre la visite des parterres remplis de tulipes:

Au mois de mai 1940, à la suite de l’invasion nazie des Pays-Bas, la reine Wilhelmina ainsi que la famille royale néerlandaise disparaissent, comme par magie, du Royaume-Uni. En juin de la même année, la princesse Juliana emmène ses filles, les princesses Beatrix et Irène, dans un lieu sûr au Canada. Voyageant par bateau, elles débarquent premièrement à Halifax, pour se rendre ensuite à Ottawa où la mère et les enfants sont logés, à Stornoway, lieu de la résidence officielle du chef de lopposition.

Le 2 mai 1945, après cinq ans d’exil au Canada, la princesse Juliana et ses enfants sont réunis avec la reine Wilhelmina dans la partie libérée des Pays-Bas. En signe de gratitude pour son séjour au Canada, et pour le rôle des soldats canadiens dans la libération de son pays natal, la princesse Juliana présente à la population canadienne un certain nombre de cadeaux, dont  100 000 bulbes de tulipes. L’année suivante, 20 500 bulbes supplémentaires sont expédiés au Canada, non sans la demande que ceux-ci soient plantés sur le terrain même de l’Hôpital Civic d’Ottawa.

Juliana, couronnée reine des Pays-Bas en 1948, n’a jamais cessé d’expédier des milliers de bulbes de tulipes en cadeau au Canada chaque année, durant son règne, lequel se termina avec son abdication en avril 1980 — période qui fit place au règne de la reine Beatrix (1).

Et la tradition perdure, pour notre plus grand bonheur. La promenade parmi les tulipes est un mélange d’ébahissement et de ravissement.  Plus évocatrices que les mots, voici quelques photos:

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Samedi matin, la journée s’annonce un peu grise.  Aller au musée devient une idée acceptable.  (Homme de peu de foi…).  Mais je suis un peu ouvert aux surprises.

Je connais Alex Colville parce que lorsque j’enseignais en quatrième année, j’utilisais le matériel « L’image de l’art » en arts plastiques. Toute une série de reproductions d’œuvres grand format que je pouvais présenter et faire connaître aux enfants. J’aimais bien celle-ci, Child and dog, justement (2):

Colvillchien

Alex Colville est un peintre canadien anglais (1920 – 2013).  Son pinceau m’a paru avoir été utilisé comme un appareil-photo, ce qui m’a souvent dérangé.  Il donne une vie à des événements de la vie de tous les jours.  Nous serons d’ailleurs accueillis par cette phrase de l’artiste:

« Ce sont les choses ordinaires qui me semblent importantes. »

Nous avons une appréciation légèrement différente de cette visite: là où Yvan est dérangé par le réalisme de Colville, j’ai été charmée par la précision, la technique utilisée – les couches de peinture minutieusement appliquées par toutes petites touches de pinceau – les lignes nettes et épurées. J’ai beaucoup apprécié ces « instants figés » et ces histoires suggérées, le mystère évoqué que l’on peut imaginer, à propos de ce qui s’est passé avant ou ce qui va suivre…

Je retiens cette phrase:

« En tant que bon réaliste, je devais réinventer le monde.« 

Un tableau m’a particulièrement touché.  Le cheval et le train nous montre cette confrontation qui semble mener à une incertitude dérangeante.  Produite en 1954, cette toile montre un parallèle sidérant avec les événements de la Place Tian’anmen qui auront lieu 35 ans plus tard, lorsqu’un étudiant confrontera des chars d’assaut.

Colvillcheval

Colville et sa femme Rhoda, vivront ensemble 70 ans.  Davantage qu’une épouse, elle fut sa muse.  Il l’a d’ailleurs peinte à toutes les étapes de sa vie.  On sent dans la toile suivante tout l’amour qu’il avait pour elle:

ColvillRhoda

Toute une section de l’exposition est consacrée à l’importance de Rhoda dans l’œuvre de Colville.  Leur fille cadette raconte cet amour avec beaucoup d’émotion. Lorsqu’on visite une exposition à deux ou à plusieurs, on prend des chemins différents, on ne s’attarde pas aux mêmes tableaux, on ne lit pas tout au même rythme. Mais, au moment d’écouter le témoignage touchant d’Ann Kitz, la fille du couple, je me suis retrouvée juste derrière mon amoureux. Comme un besoin de me rapprocher…

Avant de reprendre la route, nous avons pris une bouchée sur une terrasse du marché.  Je rêve de vieillir longtemps avec Marie…

Yvan et Marie

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(1) http://tulipfestival.ca/fr/a-propos/histoire-du-patromonie-tulipe/

(2) Source œuvres de Colville: https://www.google.ca/search?q=colville&espv=2&biw=1366&bih=643&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ei=Jc5XVeCCEsmtyATg14G4AQ&ved=0CAcQ_AUoAg#imgrc=_

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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