Des nouvelles du pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 22 février 2015

Donner du sens

Billet réflexion sur le sens que l’on donne, ou pas, à la vie.

Dimanche dernier, lors d’un souper de famille en l’honneur de mon neveu, en vacances à Montréal pour quelques jours avant son retour dans l’ouest du pays, nous avons eu une discussion philosophique intéressante.  Simon, le neveu en question, avançait qu’on nait, qu’on meurt et qu’entre les deux, on ne devrait s’attendre à rien.  Je paraphrase, évidemment, mais ça m’a beaucoup fait réfléchir. Rien? Pas de sens? Vraiment?  La discussion a pris aussi un tour plus politique, voire un peu sociologique (notamment à cause de fils aîné) certains remettant en question et d’autres non le modèle individualiste axé sur la richesse et redéfinissant la réussite sociale et la consommation.

En début de semaine, comme une suite à la discussion j’ai changé ma photo de couverture sur FB par l’image suivante.

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Comme pour illustrer une volonté de trouver du sens. Curieusement, un changement de statut FB provoquant souvent des commentaires, celui-ci n’y échappa pas et j’ai reçu ceux-ci:

  • Celui d’une amie choriste, Isabelle:  Cela fait des années que j’essaie mais en vain … J’en suis arrivée à la conclusion (pour le moment du moins) que la sagesse et le bien-être résident dans l’acceptation qu’il n’y a pas de sens … Si nous acceptons qu’il n’y a pas de sens alors pourquoi tenter d’en inventer un?
  • Celui de ma sœur Martine:  Les croyants, les jovialistes et les naïfs qui croient aux contes de fées ont cette chance d’imaginer un sens à La Vie … Moi j’ai des amis, de la famille que j’aime… le reste c’est de l’agitation !

Alors j’ai pris sur moi d’être attentive. J’ai voulu « prendre conscience » davantage. Naïveté? Illusion? Don Quichotte? Qu’importe…

Voici quelques-unes de mes observations.

  • Mardi matin: après l’enregistrement de l’émission de radio, nous avons commencé à faire bénévolement un travail de vérification à Vues&Voix. Un bénévole lit un ouvrage à haute voix, jumelé à un moniteur bénévole, qui surveille et balise l’enregistrement. Nous, on vérifie cette lecture enregistrée, on note les corrections à faire reprendre et on intègre quelques manœuvres dans le logiciel. Pendant plus de deux heures, j’ai lu une portion d’ouvrage dont j’ignore tout et qui, honnêtement, ne m’a pas beaucoup intéressée… La prochaine fois, l’ouvrage sera différent; j’aimerai peut-être beaucoup plus le genre ou le style. Peu importe puisque l’idée, c’est de rendre cette lecture accessible à quelqu’un que ça intéresse et qui autrement, n’y aurait pas accès. Ce qui me fascine, plus je découvre cet organisme, c’est de constater la quantité énorme de gens qui s’y impliquent, salariés ou non, et qui changent la vie des autres. Mis bout-à bout, tous ces morceaux contribuent à faire en sorte qu’au bout du compte, quelqu’un, bien confortablement, puisse écouter la lecture d’un livre de son choix.
  • Mercredi soir: Visite chez IKEA pour l’achat d’un lit avec fils aîné, qui quittera en mai le nid familial. Le même IKEA dans lequel nous l’avions perdu quand il avait deux ans et demi! Quand même… Dans la vie, on nait, on meurt et entre les deux y a tout plein de passages importants. On en est à celui-là. Déjà?!
  • Jeudi matin, concert de l’OSM précédé d’une causerie… finalement annulée. J’aime bien me faire raconter la musique que j’écouterai. Je me suis rabattue sur la lecture du programme et des notes de concert, qui m’ont permis de connaître les motivations des trois compositeurs allemands en vedette. J’aime bien lire les notes dans les programmes; elles permettent de comprendre les contextes, d’entrer discrètement dans la tête de l’auteur ou du compositeur, de donner du sens justement, pour apprécier. Je vous offre un extrait de ce concert, la dernière pièce, le Choral de la Symphonie no. 5 en mineur, Op.107 « Réformation » de Félix Mendelssohn. 
  • Vendredi soir, visite (trop courte) de l’exposition Pour la dernière et pour la première fois de la photographe française Sophie Calle, au MAC (le musée d’art contemporain). Deux projets récents de l’artiste, dont l’un, La Dernière Image (2010), m’a intéressée davantage. Il s’agit d’une série de photographies accompagnées de textes de l’artiste.  

« Je suis allée à Istanbul. J’ai rencontré des aveugles qui, pour la plupart, avaient subitement perdu la vue. Je leur ai demandé de me décrire ce qu’ils avaient vu pour la dernière fois. »

Les histoires de ces gens devenus aveugles, touchantes, parfois troublantes m’ont fait réfléchir. J’ai trouvé particulier de me voir regarder ces photos, de lire ces textes à propos de personnes qui ne peuvent plus, eux, voir. Pour qui la dernière image qui s’incruste est parfois celle du responsable de leur cécité.

J’aime bien les musées, entre autres parce qu’ils nous ouvrent à des réalités que nous ne soupçonnons même pas.

  • En souvenir de sa visite, mon neveu Simon a offert à chacun.e l’une de ses magnifiques photos, montée sur une plaquette qu’il a signée au verso. Avec sa griffe, il a également écrit un mot, qu’il a choisi pour représenter chacun de nous. Délicate et artistique intention, chacune des photos représente une partie de l’univers de Simon, empreint de nature, des montagnes et de la région de Whistler. C’est sa démarche, affective et esthétique, qui ne s’exposera que dans l’intimité de chacun de nous, loin des musées et des galeries. C’est le sens que lui donne à sa vie, maintenant. Et c’est beau! Étonnant tout de même que j’aie reçu un mot gentil de Simon par Messenger au moment exact où je débutais l’écriture de ce billet…
Photo prise par Simon Lalande et offerte à Marie

Photo prise par Simon Lalande et offerte à Marie

Question intéressante et réponse pas évidente, je dédie les réflexions qui suivent à Simon qui cherche aussi, de son côté, dans ses belles montagnes des Rocheuses. 

Je me suis souvent demandé (et je le fais encore) pourquoi je suis né, blanc, au Québec, dans une période à cheval entre le 20e et 21e siècle.  Pour moi le confort et la sécurité sont omniprésents, presqu’un dû.  Fort probablement, je ne connaitrai jamais la guerre, la pauvreté, la discrimination raciale ou sexuelle et pourtant, au même moment quelque part sur cette même terre, (dans certains cas, dans cette même ville) des gens meurent à cause de leurs idées, souffrent à cause de ce qu’ils sont ou cherchent chaque jour à acquérir le strict minimum … pour pouvoir vivre une autre journée.

Pourquoi eux et pas moi? … Ou l’inverse?

Comme je n’ai pas de croyance religieuse particulière, je ne crois pas que mon passage dans ce monde relève d’un divin dessein.  En fait, je ne sais pas si mon existence a un sens.  Mais sans le savoir, j’ai peut-être adopté la pensée de Lewis Carroll et j’ai créé un sens à ma vie:  et si mon passage faisait que la vie de personnes que je croise, parfois de près, parfois de très loin, soit un soupçon plus heureuse…

Faire une différence, si petite soit-elle;  utiliser le fait d’être là, ici et maintenant pour que la réalité soit un peu autre que si on n’y était pas.  Pédaler, lire, vendre des noix, emballer et aider à distribuer des cadeaux, soutenir des enfants dans leur difficile apprentissage des matières scolaires, discuter, rêver, fêter… que tout ça ait du sens ou non, c’est ce que j’ai à offrir et j’ai décidé que ce sera le souvenir que je laisserai un fois que je serai parti. 

Photo prise par Simon Lalande et offerte à Yvan

Photo prise par Simon Lalande et offerte à Yvan

 CQFD!

Mon point: « Voici ce que je peux faire et je vais le faire », parce que cela donne du sens à ma vie!

 

Marie et Yvan

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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