Donner de soi… littéralement
Considérant le caractère du texte d’aujourd’hui, nous avons mélangé le noir d’Yvan et le rose de Marie pour mêler nos plumes et écrire d’une seule voix : le texte comporte donc principalement une couleur, résultat de cet amalgame: noir et rose, ça donne brun!
Cette année, de par notre implication dans le Défi vélo Lina Cyr et pour notre marathon d’écriture sous-jacent, nous investiguons sur la réalité de la greffe d’organes au Québec. La chronique de cette semaine présente cette réalité. Nous avons utilisé des informations qui proviennent du site de Transplant Québec, de celui du Centre hospitalier affilié universitaire de Québec et de celui de la SRC.
Dans l’article « Dons d’organes : la situation s’améliore, mais le temps d’attente est encore trop long« , on apprend que Mme Ginette Rioux, de Sayabec, est en attente d’une greffe de poumons. Elle est présentement 17e sur une liste de 87 personnes en attente au Québec. En 2014, le temps d’attente pour une telle greffe était de 718 jours (presque deux ans !!!). Quand elle atteindra le 10e rang, elle viendra vivre à la Maison Lina Cyr, afin d’être à quelques minutes d’un hôpital au moment où elle atteindra le premier rang ET que des poumons compatibles deviendront « disponibles ». À ce moment, chaque minute comptera et être physiquement et géographiquement près du lieu de transplantation sera une condition essentielle.
Saviez-vous que…:
- Les organes sont des structures complexes et vascularisées? Ils sont fragiles au manque d’oxygène. Environ 1 à 2% des personnes décédées (seulement !!!) peuvent être des donneurs d’organes;
- Les organes peuvent être prélevés chez les patients en décès neurologique, chez qui on maintient la circulation sanguine ou alors dans le cas d’arrêt de traitement chez un patient avec un drame neurologique dévastateur? L’arrêt se fait en salle d’opération afin de diminuer la durée du manque de circulation et d’oxygène des organes;
- Selon l’Institut de la statistique du Québec, il y aurait eu 60 800 décès dans la province en 2013? La fourchette de 1 à 2% des décès suppose donc qu’entre 608 et 1216 de ces personnes décédées auraient pu être des donneurs d’organes;
- Un don d’organes peut sauver jusqu’à 8 vies? Selon le site de Transplant Québec, pour l’année 2013, il y aurait eu 165 donneurs et 503 personnes qui ont bénéficié de transplantation;
- Au 31 décembre 2013, il y avait 1047 personnes en attente d’un organe? C’était la première fois, dans les dix dernières années, qu’il y avait eu plus de 430 transplantations (en 2008). C’est aussi la première fois durant cette même période que le nombre de personne en liste d’attente diminuait de façon importante (1 250 personnes sur la liste d’attente au 31 décembre 2012).
Pour signifier son choix, on doit:
- signer l’endos de sa carte d’assurance-maladie et/ou
- s’inscrire au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la RAMQ (lors du renouvellement de la carte d’assurance-maladie) et/ou
- s’inscrire au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Chambre des notaires du Québec ET
- EN PARLER À SES PROCHES !!!
Une fois ces étapes effectuées et connues, il faudra également qu’au moment difficile du décès de quelqu’un qui nous est cher, on autorise les médecins à procéder au processus de prélèvement des organes dans le but de permettre des greffes. Cette disparition est déjà dramatique… Comment trouver la force de laisser aller ailleurs des morceaux de vie qui, pour nous, n’en sont plus?
Et si nous tentions de nous placer dans une autre position, celle de la personne qui est à l’autre bout de ce processus, en attente de l’un de ces morceaux de vie…
Peut-on imaginer l’émotion ressentie lorsque le coup de fil tant espéré arrive enfin et qu’on nous annonce qu’une nouvelle vie est maintenant possible? Deux des organisateurs et participants du Défi vélo Lina Cyr l’ont ressentie, cette immense émotion: il s’agit de Patrice Dionne, de Québec, greffé du foie et du cœur (à gauche sur la photo) et de Serge Trépanier, de l’Abitibi, greffé du foie.
Après cinq ans à côtoyer des rescapés du cancer, avec cette année où je roulerai avec des cyclistes relevant d’une greffe, je peux affirmer que le corps et l’esprit humains sont des machines fascinantes. Et que l’aventure de la vie comporte des chapitres absolument étonnants auxquels je suis heureux de participer!
En complément de lecture, je vous propose deux textes de Patrick Lagacé, publiés dans La Presse en novembre 2014 dernier (si vous avez quelques minutes ces deux articles en valent entièrement le temps):
- Celui du 23 novembre, touchant et bouleversant: Quand la mort sème la vie
- Et celui du 29 novembre, qui fait suite au premier, émouvant et instructif: Don d’organes, le système imparfait
Yvan et Marie
