Continuer à vivre
Depuis que nous écrivons ces billets en parallèle avec le Cyclo-défi, nous avons, sciemment ou non, peu parlé de cancer. Comme si en se concentrant sur la vie, on pouvait repousser la maladie et ses terribles conséquences. D’ailleurs, dans la documentation que nous recevons chaque année de la part l’Hôpital juif de Montréal (partenaire et organisateur de l’événement Cyclo-défi), on met l’accent sur les bienfaits de la recherche et sur les vies qu’on peut maintenant sauver. Plusieurs exemples dans nos vies personnelles soutiennent cet optimisme.
Récemment cependant, des personnes de l’entourage de certains d’entre nous sont décédées ou sont gravement malades. Ces histoires n’appartiennent pas à ces pages, mais elles nous rappellent que notre implication n’est pas seulement de recueillir le financement requis ou de rouler entre Montréal et Québec, mais surtout de faire notre petite part à éliminer cette souffrance.
Cette semaine, dans les journaux et dans les médias sociaux, trois personnes du domaine public ont fait partie de la nouvelle en lien avec le cancer.
D’abord, René Angelil, qui a annoncé qu’il s’éloignait de la gérance de la carrière de Céline. Inutile, dans ce cas, de vous fournir un lien pour lire la nouvelle… La planète entière est maintenant au courant…
Sur Facebook, un ami de l’abbé Raymond Gravel publie un court mot qui informe que la maladie s’est faite plus présente et que sa situation est difficile. L’abbé Gravel, je l’aime d’amour. Moche…
Josée Blanchette, chroniqueuse dans le Devoir, raconte sa maladie, ses traitements et ses choix face à son avenir. Voici ses mots.
Les propos de cette chroniqueuse m’ont souvent fait réagir… Elle a toujours affiché bien haut ses coups de gueule et ses opinions tranchées au scalpel. Mais la savoir atteinte, elle aussi, d’une forme de cancer m’a donné tout un choc. Une autre?
Après la lecture de cet article, j’ai eu le souffle court, c’était comme recevoir un coup de poing dans l’estomac. Je ne connais cette personne que par ses apparitions médiatiques où elle s’est souvent exprimée avec aplomb et une joie de vivre certaine. J’ai retrouvé cette philosophie dans les deux dernières phrases de son article:
J’ai averti mon oncologue après un mois en enfer : « J’arrête tout ! Je préfère mourir par mes propres moyens… »
Et, pour ça, je ne connais pas de meilleure façon que de continuer à vivre.
Depuis la lecture de cette chronique de Josée Blanchette, je repense aux paroles de la chanson de Luc De Larochellière, Si fragile…
« On ne choisit pas toujours la route
Ni même le moment du départ
On n’efface pas toujours le doute
La vieille peur d’être en retard
Et la vie est si fragile » …
« Car le temps est là
Toujours là
Seule justice ici bas
On est si fragile »
Fragiles et vulnérables. Toutefois, forts et résilients.
Personne n’a à juger les choix d’autrui. Chacun est libre faire ses choix. Facile à dire… Beaucoup moins facile à vivre…
On est qui, communs mortels, pour évaluer la pertinence d’un traitement médical recommandé par des spécialistes? Pire encore, lorsque les spécialistes se contredisent, quoi penser? Quel est le choix qui nous convient le mieux?
« … ce qui nous guérit peut nous tuer et ce qui nous tue peut nous guérir. »
Depuis la lecture de cette phrase de Josée Blanchette, également, un doute s’est installé: comment ne pas s’insurger devant les profits faramineux engrangés par l’industrie pharmaceutique? En même temps, ne rien faire m’apparait tout autant inacceptable… Et je souhaite, ardemment, que les chercheurs qui s’impliquent dans la recherche contre le cancer à l’Hôpital juif et ailleurs s’y appliquent honnêtement, parce que cela correspond à la façon qu’ils ont choisie de « continuer à vivre ». Confiance.
Dans trois semaines, je pédalerai, une de mes façons favorites de « continuer à vivre », offrant humblement mes efforts et mon énergie, souhaitant que l’ensemble de nos efforts et de nos énergies sauront faire une différence … Un jour, aussitôt que possible.
Yvan et Marie