Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 9 mars 2014

Se faire raconter une histoire…

Depuis les dimanches après-midis, dans le sous-sol de l’église de mon quartier et les « sacs de chips dans l’écran », j’ai toujours aimé me faire raconter des histoires par l’intermédiaire du cinéma.  J’adore me faire raconter des histoires mais mon enfance à moi n’est pas peuplée de ces premiers souvenirs presque folkloriques!… Malgré les progrès important de nos écrans personnels et la facilité de louer un film par des services de location câblés ou en ligne, sortir et s’assoir dans une salle noire devant un immense écran (où on ne lance plus de sacs de chips) garde pour moi un côté spécial excitant.  Aller à un festival de film c’est un peu échanger ce plaisir avec d’autres personnes qui partagent ce même goût pour se faire raconter des histoires.  Occasions exceptionnelles et bénies où les gens autour de nous partagent aussi une éthique et un comportement exemplaires, où les impressions personnelles ne sont échangées qu’après le film et où le silence est un besoin et une vertu cinématographique! La semaine dernière, c’était la première fois que j’assistais à des présentations dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois… Compte-rendu de quatre rendez-vous étonnants!

L’ange gardien:    http://www.lapresse.ca/cinema/201401/24/49-5080-l-ange-gardien.php 

Le lobby du cinéma Impérial est rempli de spectateurs et d’artistes qui ne semblent pas vouloir se diriger vers leur place.  Guy Nadon jase avec quelqu’un que je connais pas.  Patrick Hivon donne une entrevue que nous verrons dans La Presse + le lendemain.  Maka Kotto, alors ministre québécois de la Culture et des Communications, est invité à faire un discours de présentation. Mon Dieu, on ne s’est même pas habillé « mondain »… Pas grave, le public « ordinaire » est relégué au balcon… Je ne suis jamais allée au deuxième étage de l’Impérial. Bonjour, le vertige!  Juste avant la projection le metteur en scène, Jean-Sébastien Lord, (le fils de Jean-Claude Lord), nous souhaite la bienvenue à cette « première mondiale ».  Et, subitement, nous faisons partie de quelques centaines de personnes qui regardons un film présenté pour la première fois au public. 

Pendant une heure trente, Guy Nadon devient Normand, un ancien policier que les problèmes de santé ont forcé à devenir gardien de sécurité travaillant la nuit dans une manufacture du Mile End.  Lors d’un cambriolage qui tourne mal, il rencontre Nathalie (Marilyn Castonguay) et poursuivra avec elle une relation étrange et émouvante qui le forcera à remettre en question plusieurs éléments de sa vie.  Le tout dans un décor de nuit d’hiver presqu’omniprésent.  La finale, dont je ne vous parlerai pas, est « coup de poing ».  La salle est sous le choc, silencieuse, pendant tout le générique avant de saluer Jean-Sébastien Lord et son équipe par des applaudissements nourris.

Le metteur en scène et les acteurs montent sur la scène et saluent fièrement.  Ma découverte de la soirée: Marylin Castonguay.  Elle a su nous faire vivre sa force et sa fragilité par une présence envoûtante.  J’ai adoré ce film, quoi qu’en dise André Duchesne dans La Presse + de ce samedi matin. Pas d’accord moi non plus avec la critique de M. Duchesne. J’y ai cru à ce scénario, jusqu’à la fin. J’ajoute que les trois comédiens principaux (Guy Nadon, Marilyn Castonguay et Patrick Hivon) devraient monter sur scène à la prochaine cérémonie des Jutra…

Diego Star:   http://www.frederickpelletier.com/Diego-Star 

Mercredi soir, salle 17 du cinéma Quartier Latin, un très grand salon ou une petite salle de cinéma dont tous les sièges sont occupés.  Le Diego Star est un bateau ayant de sérieux problèmes mécaniques.  Il doit rejoindre le quai de la Davies à Lévis pour des réparations.  Les membres de l’équipage sont recueillis dans des familles environnantes.  C’est ainsi que Traoré (Issaka  Sawadogo) et Fanny (Chloé Bourgeois), joués par deux comédiens que je ne connaissais pas, se rencontrent et partagent les injustices de leur vie… dans un décor d’hiver presqu’omniprésent.  Encore ici, cette saison joue un rôle majeur, englobant cette histoire par une forme de lenteur et d’isolement qui donnent au récit un caractère presque secret, comme une histoire racontée tout bas à l’oreille.  Beau moment de cinéma. Un film lent ou l’injustice et le froid deviennent presque des personnages. Après le visionnement, Frédérick Pelletier, le réalisateur, est venu parler aux gens de sa démarche: un privilège!

Miraculum:      http://www.rvcq.com/festival-32e/programmation/films/1689/miraculum 

Lendemain soir, même salle (et mêmes sièges!), même affluence, rendez-vous avec Podz, réalisateur de la série 19-2.  Gabriel Sabourin et lui ont tissé un film choral et une histoire tragique autour de sept personnes: un couple, témoins de Jéhovah, un autre couple qui est en train de se désagréger, deux personnes d’un âge certain qui se trouvent dans l’amour et un homme qui revient au Canada dans des circonstances nébuleuses.  Toutes ces existences se croisent.  C’est le principe même d’un film choral. J’ai pensé au film Babel, construit de la même façon. Ce qui m’a plu, dans Miraculum, c’est qu’on a laissé des zones d’ombre, des questions auxquelles le spectateur répond lui-même, où l’interprétation de l’un vaut l’argument de l’autre. La place faite à la religion aussi m’a plu: ici, pas de signes ostentatoires, mais des croyances qui dérangent sans contredit…  En ces temps où l’on veut nous faire croire qu’une loi réglerait tous les problèmes, ce film provoque des réflexions!

J’avais entendu une critique plutôt négative de ce film.  Je ne suis pas d’accord.  C’est un film dur, tragique, merveilleusement joué et filmé.  Pas d’hiver cette fois mais re-présence merveilleuse de Marilyn Castonguay.  La période de discussion impliquant Podz et elle, après le film, fut très animée.  Podz est un interlocuteur fascinant racontant plusieurs anecdotes de production.  J’ai particulièrement aimé les échanges avec le public sur l’interprétation de certaines parties du film. 

Roche, papier, ciseaux:     http://www.lapresse.ca/cinema/201301/30/49-3702-roche-papier-ciseaux.php 

Notre dernier visionnement prévu. C’était le film d’ouverture présenté l’an dernier aux Rendez-vous du cinéma québécois. Un premier film remarqué, alliant des genres différents et des comédiens justes: Samian, Roger Léger, Roy Dupuis, Louis Champagne, Fanny Mallette… Des personnages que tout sépare qui finissent par être réunis. Comme un western un peu « trash » sur fond de Québec profond, avec une trame de paris clandestins « weird » et la mafia asiatique. Pour nous, la magie n’a pas opéré, malheureusement, cette fois-ci.  Trop d’invraisemblances? Trop de commentaires échangés à haute voix par les jeunes gens derrière moi? Trop faim? Qui sait… Nous n’avons même pas eu envie de rester pour la discussion avec le réalisateur à la fin. Dommage, peut-être qu’on aurait dû… 

L’Ange gardien et Miraculum sont présentement à l’affiche et je les recommande sans réserve.  Bis! L’an prochain, quand ce festival reviendra, jetez-y un regard sérieux.  J’ai aimé autant la programmation que l’organisation.  En prime, le dernier soir, samedi dernier, à la sortie du film, on est allé se promener dans les festivités de la Nuit Blanche à Montréal en lumières. 

Montréal est vraiment aussi une très belle ville l’hiver…

Yvan et Marie

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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