Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 16 février 2014

CLARA PRÉFÈRE LA CAUSE… 

Nous avons beaucoup discuté cette semaine à propos du sujet de notre billet. L’occasion était toute trouvée et nous avions pensé en profiter pour s’inspirer des Olympiques. Yvan est plutôt « fan fini », bon public et consommateur de presque toutes les compétitions et disciplines… Pas moi, vraiment pas! Nous avions considéré plusieurs angles: la passion du sport, sa démesure, la corruption et certains excès périphériques rapportés au sujet de l’organisation des Jeux à Sochi… Finalement, c’est un texte que Clara Hughes a écrit dans La Presse+ samedi dernier qui a donné et changé  le ton! 

Déjà j’étais un des fans de Clara Hughes.  Sans être toujours la gagnante, ses courses, autant en cyclisme qu’en patinage de vitesse, étaient des histoires passionnantes.  Et puis, en plus de la compétition, il y avait ce sourire si chaleureux et ces yeux rieurs.  Elle semblait avoir trouvé le bon dosage entre l’engagement important exigé par ses sports et la réalité de la vie hors sport. 

Sa présence dans les publicités de Bell Canada « Bell cause pour la cause » m’a fait connaître ses épisodes de dépression.  J’apprends alors que l’équilibre que je croyais avoir perçu était parsemé de périodes de déséquilibre difficile à contrôler.  Sans savoir vraiment en quoi consiste cette maladie, mon admiration pour elle était intact, d’autant plus. 

Sa « carrière » sportive est maintenant terminée.  Elle entreprendra le mois prochain ce qu’on pourrait qualifier de croisade, 12 000 km (le chiffre est bon!!!) en 110 jours à travers le Canada,

afin de mieux faire connaître et peut-être en arriver à faire taire les préjugés sur les problèmes de santé mentale.  Mariage impressionnant entre une performance physique hors du commun (moyenne de plus de 100 km par jour pendant 110 jours, sur un parcours pas nécessairement plat) et une sensibilisation de milliers de personnes sur une condition de santé mystérieuse, aux conséquences importantes.

Sur le site Web « Bell cause pour la cause » on nous informe que:  

« La maladie mentale touche les gens de tous âges et de tous les milieux sociaux. Elle peut prendre plusieurs formes, notamment la dépression, l’anxiété et la schizophrénie. La plupart des personnes trouvent des moyens de vivre avec leur maladie, mais la façon dont elles sont traitées par les autres représente souvent un défi plus grand que la maladie elle-même. La stigmatisation et la discrimination sont deux obstacles importants qui empêchent les gens de recevoir de l’aide. (le soulignement est de moi) » 

Je ne sais pas si j’ai connu des épisodes de dépression, même courts.  Et pourtant, il y a eu quelques nuits où je me suis réveillé en grande sueur, presqu’en panique, incapable de trouver la façon d’aborder une situation tendue au bureau.  Arrivé à l’heure du réveil, je me levais, me douchais, m’habillais, m’accrochais à cette routine rassurante et je rentrais au bureau avec la trouille de faire face à mes incapacités.  Reprise le lendemain et le lendemain du lendemain, pour une période qui ne semblait pas avoir de fin. J’ai fini par trouver des solutions.  Je devais en trouver.  J’étais cadre supérieur, entouré de gens qui, infailliblement,  trouvaient des solutions.  Je ne devais pas faiblir.  Je ne me sentais pas le droit de faiblir. 

Est-ce que j’ai flirté avec une forme de dépression?  Je n’en sais rien.  Si j’avais fait partie d’une équipe olympique, j’aurais croisé un psychologue sportif.  Il m’aurait demandé comment j’allais. On aurait sûrement jasé.

Il y a quelques années, j’ai pris un congé de maladie et huit  mois pour « réfléchir dans ma chambre ».  Je me souviens du regard des gens autour de moi, même de proches et de quelques réflexions: « Mais qu’est-ce qu’elle a? Marie, comment ça? On la croyait si forte… Allons, reprends-toi, ça va passer!  » 

Ça ne passait pas. Je n’avais plus de force, plus d’énergie, plus de repères, plus de balises, parfois même plus de jugement. J’ai profité d’abord du Programme d’Aide Professionnelle offert par mon employeur et, après les quatre rencontres confidentielles prévues au programme, j’ai choisi les services professionnels d’une autre ressource, tout aussi professionnelle, mais que je connaissais déjà.  Les deux personnes ont émis le même diagnostic: épuisement professionnel. J’ai eu besoin de soutien pendant longtemps.  De médication, temporaire. De l’aide professionnelle que je suis allée chercher, de celle de ma famille et de quelques amis proches qui ont su accepter ma réalité sans juger.  J’ai réussi à trouver un équilibre que je recommence à reconstruire chaque jour.  Je ne prends rien pour acquis.  Mais je reconnais plus facilement les signes qui me  font perdre pied et je connais maintenant davantage  quelques  ingrédients essentiels aux bonheurs: respirer, prendre du recul, rire, voir et entendre de la beauté, lire, écrire, chanter, faire des choix, bouger, être utile, bien écouter.

En sus des programmes d’aide aux employés, j’ai souvent pensé que nos grandes organisations devraient s’inspirer du monde sportif et investir, à l’interne, dans des ressources humaines et d’expérience connaissant bien le milieu et qui pourraient, de manière proactive, s’impliquer à prévenir des absences longues et douloureuses.   Un tel soutien pourrait s’avérer important, surtout à une époque où plusieurs personnes d’expérience prennent leur retraite. 

À partir de mars, jusqu’au 1er juillet prochain, Clara Hughes roulera et nous sensibilisera à sa cause et à celle de milliers d’autres.  J’avais osé espérer que des cyclistes sans nom, comme moi peut-être, auraient pu avoir le privilège de rouler à ses côtés pour des petits bouts de 5 ou 10 km.  On aurait pu devenir une belle gang à rouler pour la cause… Pour des raisons de sécurité, l’organisation du Grand Tour de Clara ne permet pas ce genre de participation mais en propose trois autres.  Ce billet sera donc notre contribution à Marie et moi à cette cause.

Yvan et Marie

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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