Des nouvelles du Pépère à vélo et de sa blonde/maîtresse – 26 mai 2013

« Ireaunie »

«Faire appel à l’ironie, c’est signifier le contraire de ce qu’on dit au sens littéral » Pierre-Alexandre Fradet, Le Devoir, 27-03-13

Nous avons choisi l’angle de l’ironie pour revenir sur l’actualité «aqueuse» de cette semaine! Parce qu’il vaut mieux en rire…

J’aime mettre en perspective certains événements en pensant au contrat que j’ai peut-être signé avant de commencer à vivre. Ça dit que je vivrai plusieurs dizaines d’années mais que, lors d’une semaine donnée, en mai 2013, je ne pourrai pas boire de l’eau du robinet pour environ 36 heures. Malgré ce qui me semblait à l’époque un bref inconvénient, j’imagine que je n’ai pas hésité bien longtemps et que j’ai signé.

Finalement, après presque cinquante-sept ans de vie, cette fameuse semaine est arrivée.

Moi qui bois de l’eau du robinet peu importe où je passe dans le monde, je ne pouvais le faire chez moi, dans une île, au milieu d’un fleuve d’eau douce. Belle excuse toute trouvée pour boire une boisson gazeuse. Je sais que j’aurais pu boire un jus de fruits ou un jus de légumes mais la situation était exceptionnelle et demandait des mesures exceptionnelles!

Il semble qu’ici, nous ayons le sens du drame bien développé et que nous sommes à l’image de Sarah Bernhardt, grande dramaturge et tragédienne! Certains commentateurs, entendus ou lus mercredi, ont largement contribué à faire quelque chose de cauchemardesque d’une mesure somme toute préventive … J’ai bien aimé ce que Chantal Baril, Dominique Lévesque et Patrice Coquereau ont fait cette semaine à l’émission « Plus on est de fous plus on lit ! (vers le milieu de la page)», à partir de certains textes alarmistes écrits ce jour-là !

À la sortie du bureau, vers 18h00, je me suis retrouvé devant des tablettes vides dans la section des bouteilles d’eau de l’épicerie de mon quartier. À quelques pas de là, dans une pharmacie, il y avait encore des paquets de 20 bouteilles de 500 ml. Je me sentais un peu comme ces américains qu’on voit parfois à la télévision à la veille d’un ouragan, en train d’acheter tout ce qu’ils peuvent pour « survivre ». J’ai même pensé que, ne reculant devant aucune dépense, nous avions envoyé Antoine (le Gentil géant) en Europe cette semaine, pour qu’il n’ait pas à vivre une telle détresse… J’avais réussi à remplir mes responsabilités et à veiller au bien-être de ma famille, je me sentais bien.

Même Biscotte, notre chatte, a eu droit à sa bouteille d’eau. Considérant où elle doit se désaltérer quand elle passe la journée à l’extérieur, j’ai peut-être un peu exagéré mon sentiment de préoccupation pour les autres. C’est tout de même rassurant de constater que je vis auprès d’un être si altruiste (soupir!)…

Pour le souper, ce fut du rosé; pour le dessert, du lait. Le seul moment déstabilisant de cette soirée fut l’instant insolite du brossage de dent. Bien étrange, en effet, d’ouvrir une bouteille d’eau pour rincer sa brosse et sa bouche au lieu de la routine du robinet. Avoir su, est-ce que j’aurais signé ce fichu contrat de vie?

Le lendemain, comme pour faire exprès, je pense constamment à prendre une gorgée de ce liquide qui est normalement omniprésent. Toutes les fontaines sont décorées d’un message nous rappelant le désastre du moment. J’ai laissé à la maison la bouteille bleue que je remplis habituellement au robinet. J’ai bu de l’eau embouteillée toute la journée, sans doute davantage que les deux litres que je consomme chaque jour d’habitude. La peur d’en manquer mène directement aux toilettes!

En soirée, j’allais à un concert avec Félix, l’Apprenti politicien. Au restaurant, pas de verre d’eau sur la table ni de glaçon dans les verres, au dessert, pas de café ou de thé. Pourrons-nous tenir le coup longtemps? Heureusement que nous sommes en semaine et que je n’ai pas de longues sorties de vélo, qu’est-ce que j’aurais mis dans mes bidons?

Au retour à la maison, on apprend que cette clause de mon contrat de vie est maintenant échue. Je me brosse les dents avec l’eau du robinet comme je l’ai fait si souvent, sans une pensée pour tous ceux pour qui ce « drame » est routine.

Depuis ce jour, il pleut constamment, pourrais-je rouler au Défi Métropolitain de ce dimanche?

Nous sommes passés à côté de ce qui « aurait pu » être une crise. Pas de problèmes en réalité, quand on pense un peu à ce que la majorité des humains doivent faire tous les jours pour trouver et consommer de l’eau potable. Cet intermède nous aura fait prendre conscience de la chance qu’on a, malgré tout, de vivre à Montréal!

arrivéeMontréal

Yvan et Marie

Avatar de Inconnu

About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
Cet article a été publié dans Articles Le pépère à vélo. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire