D comme … Droit à la dérive
D comme discrétion: Cette semaine, je serai discrète. Au-delà du fait que la lettre D s’est avérée un “défi” “difficile” à relever, je me “défile” un tantinet pour laisser toute la place à la réflexion d’Yvan. Presqu’une “déclaration”!
Le texte principal que je propose pour la lettre D est une forme d’introspection écrite à partir de réflexions, de lectures et de discussions avec Félix. Il arrive que de vagues idées prennent des formes plus concrètes à partir du moment où on les exprime.
Droit à la dérive: Je suis né dans un lieu et à une époque où tout nous semblait possible. J’ai appris à mettre en questions les limites et à explorer l’inédit. Dans les 55 années de mon existence, mon monde s’est transformé au point qu’entre la date de ma naissance et aujourd’hui les points communs sont rares. Même la température n’est plus la même.
En fond d’écran de cette évolution (!?!) impressionnante, il y a une structure et une pensée politiques qui semblent englués dans un immobilisme déconcertant. Encore aujourd’hui, un parti « gagne » et donne ses orientations au pays ou à la province pendant quelques années. Les autres partis « perdent » et ne font que critiquer ce que les gagnants décident. En parallèle, les pouvoirs des institutions financières ne cessent de prendre de l’espace, rendant l’écart entre les nantis et ceux qui le sont moins de plus en plus large…
Je fais partie des bien nantis, mais je vis avec un objecteur de conscience obstiné et énergique. Félix, l’apprenti-politicien, m’a présenté pendant la période des Fêtes un autre regard sur ce que pourrait devenir mon monde (et surtout le sien) par l’intermédiaire du dernier livre de Françoise David, De colère et d’espoir. C’est une écriture toute en douceur et en détermination qui propose un projet de société basé sur une préoccupation constante de l’autre, dans le but de créer un mouvement où tous se sentiraient partie prenante.
Suite à cette lecture, au lendemain des mouvements de protestation inspirés de « Occupy Wall Street » et en pleine contestation de l’augmentation des droits de scolarité au Québec, on doit se demander si on veut vraiment continuer à vivre comme nous l’avons toujours fait? Pourquoi se contenter de se complaire à être différent par notre langue et notre culture sans avoir l’audace d’être différent dans nos idées et dans nos actions (et je ne parle pas nécessairement ici de souveraineté politique*)
J’aimerais faire partie d’une société qui cherche les moyens de concrétiser l’accès gratuit à tous les niveaux d’étude parce qu’elle reconnait que cet investissement est à la fois création de richesse et diminution de pauvreté.
J’aimerais faire partie d’une société qui valorise pleinement la contribution de chacun, que celle-ci touche la création, les idées, l’imagination ou les talents à interpréter, fabriquer ou réparer.
J’aimerais faire partie d’une société qui décide de devenir leader des préoccupations environnementales de notre génération en développant des approches énergétiques qui s’éloignent, même radicalement parfois, des approches traditionnelles.
J’aimerais faire partie d’une société qui imaginera une forme de gouvernement où l’énergie des gens qui souhaitent s’engager serve davantage à créer qu’à s’opposer.
Au crépuscule d’une première carrière et à l’aube d’une prochaine étape de ma vie, je m’offre le droit à la dérive… vers des horizons qu’il me reste à construire.
* Ici, j’aimerais apporter une précision… Dérive, mais jusqu’à un certain point politique! On s’entend, la lecture de Françoise David et les discussions avec Félix ont modelé la pensée humaniste du Pépère… Mais pas encore ses croyances en ce qui touche l’option souverainiste! Ya toujours des limites quant à la dérive… Quand même! Peut-être faudra-t-il attendre la retraite pour voir ça?
Dépassements : La semaine dernière, j’étais à ma deuxième participation au Pentathlon des neiges de Québec. Un des éléments les plus difficiles psychologiquement est de se faire dépasser régulièrement et de ne pouvoir le faire que rarement. J’ai beau comprendre que ces belles jeunesses qui passent rapidement à côté de moi ont une énergie que j’ai eu moi aussi à leur âge… J’essaie de me réfugier dans ma bulle et de me concentrer sur « ma » performance. Disons que mon dépassement personnel est teinté d’une grande dose d’humilité involontaire (voir quelques photos dans la chronique de la semaine dernière).
Destination Monde (la course) : Si je vous disais que j’ai un grand faible pour des télé-réalités, je serais curieux de savoir à quoi vous pensez. En fait, je craque pour les télé-réalités où les participants doivent exploiter un talent particulier. Je regarde donc régulièrement Star académie, Les Chefs (mon lien culinaire pour cette semaine) et toutes les variantes de la course Destination-Monde. Je suis un vieux fan de ces émissions où des jeunes globe-trotters parcourent la planète pour nous envoyer des reportages sur différentes facettes de leur périple. Plusieurs de ces coureurs ont connu des succès importants par la suite, dans le monde des communications. Il m’en vient rapidement trois en tête (mais il y en a plein d’autres):
- Patrick Masbourian (course Europe-Asie 1990-91) animateur de plusieurs émissions à la radio de la Société Radio-Canada;
- Denis Villeneuve (gagnant de la course Europe-Asie 1990-91) réalisateur du film Incendie, vainqueur de plusieurs prix et en nomination pour le titre du meilleur film en langue étrangère de la cérémonie des Oscars 2011;
- enfin, Philippe Falardeau (gagnant de la course Destination-Monde 1988), réalisateur du film M. Lazhar, avec tous les prix qu’on connaît et lui aussi en nomination pour le titre du meilleur film en langue étrangère de la cérémonie des Oscars 2012.
J’imagine une souper-causerie où seraient présentés les dix meilleurs reportages de la course à travers le temps, agrémentés de quelques numéros musicaux de la part de quelques académiciens avec, bien sûr, un repas concocté par les concurrents émérites des chefs…
Yvan et Marie
Ping: Des nouvelles du Pépère à vélo – 20 mai 2012 | Le Pépère à vélo