Des nouvelles du pépère à vélo -16- 12 juin 2011

La cause… 

Depuis le début de l’aventure de cette année, je me suis attardé à plein de choses : mon financement, l’introduction et le soutien rassurant au Capitaine pour le projet, l’organisation de la rédaction des Nouvelles du Pépère avec la participation de la blonde/maitresse, mon entrainement, la création du blogue.  La « cause » était intrinsèque à toutes ces activités sans en être totalement présente.  Puis, lundi dernier (30 mai) en fin d’après-midi, je suis à ÉPIC à la session de spinning.  J’y retrouve une nouvelle amie, appelons-la « La fonceuse de la rive nord » (vous devriez voir la détermination qu’elle met à sa préparation au cyclo-défi), qui m’a réservé un vélo (les sessions de spinning de 17h30, le lundi et le mercredi sont TRÈS TRÈS populaires.  On est presque une secte.  On jase du Défi métropolitain de la veille.  Le système de ventilation ne fonctionne pas, mais deux gros ventilateurs remuent l’air.  Il devrait faire chaud aussi les 9 et 10 juillet. À part la sueur plus abondante que d’habitude ça ne dérange personne.  Les gens sont détendus, il fait beau.

Après une trentaine de minutes, le CD de notre jolie tortionnaire-animatrice se met à faire des folies et elle doit en mettre un autre.  Normalement les pièces musicales en spinning sont très rythmées et presqu’exclusivement en anglais.  On écoute peu les paroles; de toute façon, notre concentration est ailleurs.  Dans ce cas-ci, les directives sont du genre « on va monter une côte pour 4 minutes et 20 secondes, on commence à 70% de la résistance du vélo ». La musique démarre, suivie de ces paroles :« C’est ma fête j’ai 19 ans, plus d’cheveux mais toutes mes dents et quand je regarde en avant y’a comme un flou dans le temps ».  Je ne connais pas cette chanson mais je suis brusquement et entièrement aimanté à ses paroles.  Il n’y a plus personne dans la salle, comme un automate je change les vitesses de mon vélo tel que demandé mais ma tête est avec ce garçon : « J’ai tout surmonté, la tête baissée, si j’redescends la côte, ce s’ra la tête haute. »  

Soudain, je réalise que le vrai lien entre tous mes  efforts, ce n’est pas que le plaisir de se mettre et de rester en forme ou même de célébrer un peu ostensiblement, presque de façon frondeuse, les bonheurs de la vie… C’est aussi d’ajouter son petit soi au combat contre la maudite douleur : « J’ai tout surmonté la tête baissée maintenant j’redescends la côte j’ai la tête haute. » 

J’étais secoué, mais je n’en ai rien laissé paraître, je suis un gars…

Bonjour à la Fonceuse, je retrouve la blonde/maîtresse dans la piscine de l’aqua-jogging.  Je laisse cette musique garder le contrôle pendant les 45 minutes de nos exercices.  Arrivé à la maison, après souper et mini-ménage de la cuisine, je me précipite à l’ordinateur.  L’internet est fantastique pour trouver ce qui nous semble une aiguille dans une botte de foin.  La fameuse chanson c’est « La tête haute » des Cowboys fringants.  La voici : (http://www.youtube.com/watch?v=mYAC_izqkRQ)

C’est ma fête j’ai 19 ans 
pu d’cheveux mais toutes mes dents
et quand je r’garde en avant
y’a comme un flou dans le temps

tantôt le doc passera
me donner mes résultats
et j’saurai si oui ou non
j’ai des chances de guérison

mes bougies d’anniversaire
s’ront peut-être bien les dernières
Mais je n’suis même pas fébrile
j’ai en moi cette force tranquille
des gens qui sont habitués à voir la mort rôder

J’ai tout surmonté
la tête baissée
si j’redescends la côte
ce s’ra La Tête Haute

Si je suis au bout d’la route
de ma vie beaucoup trop courte
je partirai quand même en paix
sans éprouver de regret

Car même si j’ai encore la flamme
j’ai en moi cette vieille âme
de ceux pour qui la sagesse
a remplacé la jeunesse

Et qui m’a fait garder espoir
dans le moments les plus noirs
Mais qui a aussi tempéré
les victoires à l’arrachée
J’me s’rai tenu comme un roi
Face à ce cheval de Troie
Sans me plaindre de la douleur
Et sans pleurer sur mon malheur

Que je survive ou que je meure
Maintenant je n’ai plus peur

J’ai tout surmonté
la tête baissée
si j’redescends la côte
ce s’ra La Tête Haute

C’est ma fête j’ai 19 ans
pu d’cheveux mais toutes mes dents
Je soufflerai mes bougies
les dernières de ma vie

Le doc me l’a confirmé
le mal a trop progressé
une affaire de quelques s’maines
peut-être deux mois à peine

Les yeux qui flottent dans l’eau
Dans un dernier soubresaut
De colère et d’impuissance
Il faut accepter l’évidence

Ce n’est plus le temps pour les larmes
je dois rendre les armes

J’ai tout surmonté
la tête baissée
maintenant j’redescends la côte
et j’ai La Tête Haute
j’ai La Tête Haute
j’ai La Tête Haute

Selon Wikipédia, son auteur, Jean-François Pauzé dit avoir composé cette chanson d’un trait, en quelques heures. Elle a été écrite en mémoire de Laurent Pilon, un jeune Québécois atteint de cancer dont le courage et la soif de vivre chaque jour à fond ont impressionné les membres du groupe. Laurent, un grand fan des Cowboys dont il admirait les paroles engagées et les musiques entraînantes, est décédé, la tête haute, en novembre 2006 après plus de 2 ans de lutte.

C’est triste et puissant, touchant mais réconfortant, la mort est une certitude et il n’y a presque jamais de belle façon et de bon temps pour partir.  Par mes quelques modestes coups de pédales et votre soutien des deux dernières années, pouvons-nous espérer que ce passage vers l’inconnu se fasse le plus possible dans la plus grande des douceurs?…

Yvan

Hier soir, nous sommes allés entendre le concert de l’ensemble vocal Katimavik, parce que notre amie Nathalie (« la française ») y chante et que son amoureux Patrick (« le chef ») le dirige.  C’est un choix de sortie facile à faire, parce que ce sont nos amis d’abord, mais aussi parce que Katimavik nous a habitués à des concerts de grande qualité et à des choix musicaux éclectiques et raffinés.

J’aime!

Cette année, le thème du concert était « Cycles ».  Au-delà du fait que cette fois-ci encore, l’ensemble a réussi son pari et nous a fait vivre une soirée musicale exceptionnelle, c’est le thème exploité dans la deuxième partie du concert qui m’a interpellée.  Le compositeur, un contemporain britannique (un ex des King Singers), s’est inspiré de divers textes autochtones des Amériques  et de la spiritualité des ces peuples pour composer « Circlesong » ou Le cercle de vie :

la naissance, l’enfance, les amours, l’âge adulte, le mitan, la vieillesse et la mort.

La place de l’homme dans un monde plus grand que lui. Les grandes étapes de la vie. Les sentiments et les quêtes, qui sont les mêmes pour chacun de nous, quel que soit l’endroit  où le moment où l’on débarque sur cette planète.

Le cancer, c’est comme un grain de sable dans l’engrenage de ce « cercle de vie ». 

Ce qui me touche, dans la chanson « La tête haute » des Cowboys fringants, c’est l’âge.  Dix-neuf ans, c’est tellement jeune…  C’est la vie devant soi. 

Tous les gestes posés pour éroder ce grain de sable  comptent, autant les petits que les grands. 

Je pense à la fille de notre amie choriste, justement, qui participe ce matin au Défi Têtes rasés, tout comme son frère, d’ailleurs.  Chapeau!  Je pense aux cyclistes du Cyclo-défi de chacune des années.  Tout particulièrement à ceux et celles qui le font et qui ont déjà combattu un cancer. 

Tous les gestes posés pour éroder ce grain de sable  comptent…

Marie

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About Yvan Deslauriers

Je suis le Pépère à vélo. Avec Marie, ma blonde/maîtresse, nous sommes impliqués cette année, en 2019, au soutien de la recherche sur le cancer par l’entremise de la Fondation Myélome Canada et du financement de la Maison des greffés Lina Cyr. Cette implication se concrétise par la participation dans l’événement vélo pour Yvan et par la rédaction de ce blogue pour Marie et Yvan.
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