À la recherche d’une tranquilité
Cette semaine, j’ai augmenté un peu le rythme de l’entrainement. Lundi et mercredi, exercices avec des poids pour le haut du corps, avec le gros ballon pour les abdominaux, le tout suivi par une session d’aqua jogging. Samedi, l’aqua jogging fera place à du spinning. Demain, j’espère qu’il fera un peu beau et que je pourrai enfin rouler dehors. Point de vue structure corporelle, je suis très loin de la « shape » de Lucian Bute mais pour un pépère de mon âge c’est probablement acceptable. J’ai du plaisir à reprendre un peu de contrôle sur mon corps.
(À retenir… le mot « contrôle »…)
Mon moment important de la semaine est une réunion de travail (!) où nous avons eu une présentation d’un monsieur Rémi Tremblay. M. Tremblay est un entrepreneur dans la quarantaine qui a réussi et qui continue de réussir dans la vie avec les signes et les prix de quelqu’un qui réussit dans la vie. Il est aussi un humaniste qui a décidé de prendre le temps de réfléchir et de changer des choses pour lui. Il a écrit un livre intitulé « J’ai perdu ma montre au fond du lac » où il nous raconte l’histoire du moment où, en jouant avec des amis et ses enfants dans un lac, il a perdu sa montre dans l’eau (pour certains d’entre vous, la montre représente l’équivalent d’un Blackberry). Sa panique personnelle s’est transmise à tous au point où l’eau du lac est devenue toute sablonneuse, compliquant de beaucoup les recherches. Après plusieurs efforts et essais, il a trouvé la montre mais le plaisir des jeux avait complètement disparu. Il écrit alors :
» Avec le recul, je réalise qu’il existe une autre voie à suivre dans de telles circonstances. En effet, j’ai découvert que, dans une situation tendue ou agitée, je peux également choisir de ne rien faire. Je peux choisir de me payer un moment de tranquillité pour laisser le sable retomber et permettre à l’eau de s’éclaircir. J’ai en effet le choix d’attendre que l’eau redevienne limpide et de profiter d’un rayon de soleil afin de laisser ma montre réapparaître, pour ensuite me pencher et la ramasser tranquillement. Bref, il m’est possible d’aboutir au même résultat sans perdre les pédales, sans crier au loup, sans créer d’émoi, donc sans mobiliser une foule à la manière d’une poule pas de tête.[1] »
Il a alors parlé de tranquillité intérieure. Il a parlé de choisir de s’arrêter afin d’avoir des idées plus claires à propos des actions à entreprendre. Dans mes équipes, quand on se butte à une situation difficile, il nous arrive (pas assez souvent) de remettre le tout au lendemain en se disant : un dodo, une douche et on y verra mieux.
Ceux d’entre vous qui nous connaissent un peu se souviennent peut-être de l’histoire de « la clé perdue dans l’océan »? Histoire vécue (par nous bien sûr!) sur une plage de St-Tropez en juillet ’92. Imaginez-nous : deux amoureux québécois, la fille enceinte de six mois, le gars revenant de nager et paniquant soudain en réalisant qu’il n’a plus la clé de la voiture (louée en Allemagne) dans sa poche de maillot de bain… Panique? Le mot n’est pas assez fort… D’autant plus convaincu d’avoir perdu la clé dans l’océan et résolu à y retourner pour la chercher!… Une des rares fois où j’ai douté de l’équilibre légendaire du raisonnement de mon amoureux! Pour une fois, ce n’était pas moi qui jouais le rôle de l’hystérique de service! Un problème avec le « contrôle »?! Yvan et moi? Ben…
Depuis quelques années déjà, je me lève tôt la fin de semaine…pour ne rien faire de spécial ou plutôt pour faire ce qui me tente sans me préoccuper du temps. J’ai l’impression d’y retrouver un autre genre de repos que celui que le sommeil apporte. Marie semble avoir plus de facilité que moi à aménager des temps d’arrêt dans sa vie. J’aurais avantage à être plus attentif.
Marie a payé plutôt cher il y a quelques années, afin d’apprendre à se ménager des pauses-plaisir et réaliser qu’à part le travail, il y a la vie, justement : un massage, le soleil, un voyage, le vélo, les restaurants, le cinéma, la musique, la famille, les enfants, les vrais amis, les réflexions et les mots lus, entendus, écrits ou racontés… Prendre conscience que le travail peut aussi faire partie des bonheurs, mais qu’il ne doit pas prendre « toute » la place… Accepter que le besoin de tout « contrôler », justement, joue des tours, crée l’illusion et engendre parfois la panique et la confusion. Réaliser que le seul « contrôle » que l’on peut tenter d’exercer, c’est sur soi-même… C’est apaisant, comme la poussière qui retombe (mais exigeant, toujours!).
Il y a des moments dans nos vies où tout s’arrête et où nous savourons tout simplement l’instant. Ce matin-là, nous étions une cinquantaine de personnes sérieuses qui nous étions réunies pour discuter et décider de choses sérieuses. Si je me fie à l’atmosphère de la salle, nous avons tous plongé avec bonheur dans un arrêt du temps… qui a duré deux heures. À la fin, M. Tremblay nous a offert à chacun une plume (un petite plume blanche, exactement comme dans le film Forrest Gump), pour que nous nous rappelions l’importance de se laisser porter par les vents et de regarder notre univers autrement.
Pour moi, regarder mon univers autrement, c’est entre autre ce projet d’écriture que je partage avec Marie et vous tous et qui donne une autre dimension au Cyclo-Défi.
La plume sera avec moi ente Montréal et Québec.
Yvan et Marie